1. Regards aveugles et muets


    Datte: 15/02/2023, Catégories: fh, voyage, train, amour, hdomine, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme pénétratio, confession, occasion, Auteur: EpinS, Source: Revebebe

    Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les trajets, bien davantage que les voyages et destinations dont ils font partie… C’est cette période, courte ou longue, qui nous emmène, qui fige en quelque sorte le temps, et qui s’achèvera lors de l’arrivée à destination.
    
    C’est le moment idéal pour laisser aller son esprit à tous les rêves, à toutes les pensées, à tous les fantasmes.
    
    Je ne laisse jamais un trajet sans sa fidèle compagne : la musique.
    
    Je ne quitte pas la musique. C’est une échappatoire, un exode, un éden, une transe.
    
    Et les capacités de mon cerveau me permettent malgré tout de rester très attentive et dans le monde présent, réel.
    
    5 h 05. À cette époque, les portes du TER se ferment, toujours à l’heure, à cette heure. Le noir absolu envahit petit à petit les rails en quittant la gare. Et la musique démarre elle aussi dans mes oreilles.
    
    Au fond du train, parfois au milieu, mais en général, si je reste bien fidèle à moi-même, je vais au fond du train.
    
    Et je suis quasi seule, à cette heure-là.
    
    J’aime ce calme, quand les villes dorment encore, moi je vis, et je rêve. J’adore.
    
    J’en aurai comme d’habitude pour 1 h 51 de pensées en tous genres.
    
    Dix-sept gares à traverser, je les connaissais par cœur, dans l’ordre, tant j’exécutais ce trajet-là.
    
    Et ce jeudi-là, jamais je ne me serais doutée que, désormais, tous les prétextes seraient bons pour pouvoir encore et toujours davantage montrer dans ce 5 h 05.
    
    Fort heureusement, pour ...
    ... le destin, et malheureusement pour moi d’une certaine façon, j’ai dû l’emprunter souvent, pour régler moult épopées administratives dans le pays que j’avais fui.
    
    Aussi puissant et instantané que le Big Bang, il y a 13,7 milliards d’années, son regard s’est plongé dans le mien.
    
    Son sourire m’a envahie de frissons. Je ne savais même plus quelle était ma gare de destination. Il me fallait juste lui présenter mon billet, mais même cela relevait de l’impossible, à l’instant présent, il n’y avait plus que son regard, et son sourire.
    
    Son regard, son sourire.
    
    À peine cinq secondes, mais les cinq secondes les plus longues. La Relativité, vous savez…
    
    Combien de répétitions de ces cinq secondes se sont reproduites ? Au moins quatre. Toujours aussi brèves et éternelles à la fois.
    
    Je me surprenais, alors que cela ne faisait que dix minutes que le train avait démarré, à envisager quand je pourrais à nouveau m’y retrouver confortablement assise.
    
    Et puis… les si courtes nuits que je passais, ces départs si matinaux, parfois je m’assoupissais, et le rêve était si proche de la réalité …
    
    Qu’il repasse… une seconde fois.
    
    Repasse, reviens vers moi.
    
    Replonge ton regard dans le mien, celui dont je ne peux me détacher, sans me l’expliquer, sans comprendre, mais comme une évidence. Ce regard qui semble m’enlacer entièrement, corps et âme.
    
    Souris-moi encore, de ces lèvres dont j’avais tellement envie de m’approcher, sans m’en rendre compte à cette époque.
    
    Je te ...
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