1. Louise - 1944 (2)


    Datte: 31/01/2023, Catégories: Hétéro Auteur: Bugsy, Source: Xstory

    ... partent bien tout droit. Moi je vais les pousser.
    
    Une fois prise la bonne direction, nous nous retrouvons tous deux au cul des vaches.
    
    - C’est bien que vous restiez ici quelques jours. Cela me fait très plaisir.
    
    Elle lève vers moi ses jolis yeux pleins d’envies.
    
    - Rob... vous me raconterez, votre pays, comment vous vivez... et puis, les femmes, chez vous... comment elles s’habillent, et tout et tout et tout...
    
    - Oui Louise, promis : Je te raconterai. Mais, tu sais, tu peux me tutoyer !
    
    - Ah non ! Je crois que cela je n’y arriverai pas. Du moins pas tout de suite.
    
    - Alors je te donne le temps, petite Louison. Mais tu sais, cela me ferait très plaisir que tu me dises « tu ».
    
    Mais nous sommes déjà devant l’étable. Habituées, les vaches prennent d’elles-mêmes leur place, et il n’y a plus qu’à refermer autour de leur cou le collier de mailles de fer. Après avoir regardé Louise faire, je m’occupe moi-même des dernières bêtes de la rangée.
    
    - Ah... vous savez faire cela aussi... c’est bien !
    
    - Oui, je sais faire tout cela, et tu vas voir, je peux aussi beaucoup t’aider.
    
    En effet, tandis que Louise, Marie et Gaston commencent chacun à traire une vache après lui avoir bien nettoyé le pis, je prends à mon tour un tabouret à trois pieds, un seau et me dirige vers la vache suivante. Le bruit des premières giclées de lait qui tombent dans le fond du seau leur indique que je sais aussi traire une vache.
    
    Mais déjà, Marie s’indigne.
    
    - Mais c’est pas un ...
    ... travail pour vous cela, Monsieur Rob ! Laissez, on a l’habitude, on va l’faire nous trois, comme d’habitude. Dis-lui té Gaston, que c’n’est point à lui d’le faire.
    
    Gaston lui ne dit rien. Il est tout content lui, au contraire. Non pas exactement de l’aide que je leur apporte, mais surtout que je le fasse sans que l’on me le demande, que je le fasse de moi-même, comme un bon vrai paysan qui connaît bien la terre et les bêtes.
    
    Quant à moi, cela me fait beaucoup de bien, me rappelant l’époque où l’élevage pour la viande n’était pas devenu l’activité principale du ranch, et que le soir je devais, avec ma maman, aider à la traite. Et puis, il y a si longtemps que je n’avais pas entendu ces bruits si familiers qui ont bercé mon enfance : le léger sifflement du lait qui s’échappe du pis, son bruit beaucoup plus cristallin lorsqu’il vient frapper le fond du seau, ce son qui devient de plus en plus terne en fonction du remplissage du récipient.
    
    - Puisque Monsieur Ro... enfin puisque Rob....
    
    Louise est toute bredouillante, mais mon sourire l’encourage...
    
    - Puisque vous êtes trois pour la traite, je monte... je vais préparer la chambre de... notre invité !
    
    Et Louison s’éclipse en me rendant mon sourire.
    
    Alors que je suis de nouveau dans la grand-salle avec ses parents, Louise se penche par-dessus la rambarde de l’escalier.
    
    - Votre chambre est prête, si vous désirez monter vos affaires...
    
    Je passe par la voiture prendre mon sac et je la rejoins à l’étage.
    
    - ...
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