Couleur Tournesol
Datte: 02/09/2018,
Catégories:
hagé,
fagée,
campagne,
jardin,
amour,
dispute,
nonéro,
mélo,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... grimaça.
— Et dire que je pensais que nous étions amis…Mais j’aurais dû m’en douter. Tu as toujours préféré te taire dès qu’il y a problème et surtout quand il s’agit d’une femme.
Et lui jetant un regard noir, le rictus mauvais au coin des lèvres que Roux détestait, il s’enferma dans un silence épais, signe qu’il avait été gravement offensé. Et il semblait si concentré dans sa conduite automobile que le silence dura jusqu’à la maison de Roux.
— Je te vois demain ? risqua Gilbert d’une voix mal assurée, en sortant du véhicule.
— Je ne pense pas non ! répondit le colonel sèchement. Avec cette affaire, je ne vais pas avoir beaucoup de temps pour les bavardages futiles. Au prix où tu brades notre amitié !
— Ne me dis pas que tu vas…André…c’est ridicule !
— Je ne crois pas ! Et puis je suis sûr que tu te feras un plaisir de jouer les preux chevaliers pour la défendre elle et ses sales gosses. Allez ciao !
Et sans le regarder, il redémarra en trombe, laissant Roux déconcerté et accablé.
Cette nuit-là, Gilbert eut beaucoup de mal à trouver le sommeil, malgré le petit verre de whisky qu’il avait avalé d’un trait à son coucher pour se remonter le moral. Il se tournait et se retournait dans son lit repassant l’éprouvante scène du matin…Quelque chose s’était cassé dans cette amitié de plus de soixante-cinq ans. Il ne savait pas quoi. Juste que c’était douloureux, insupportable et qu’il allait être encore plus seul que jamais auparavant. Tout ça à cause d’un vol de ...
... cerises et d’une femme. C’en était presque puéril ! Lorsque enfin il réussit à s’endormir, il rêva de la gitane, de son large jupon safran tournoyant autour d’elle, de son rire, de ses cheveux bruns et bouclés qui lui caressaient les reins et de son regard, malicieux et tendre…
Lorsqu’il ouvrit les yeux, il était presque huit heures et il se souvint tout de suite de l’épisode de la veille, de cette ridicule dispute. La nausée lui vint, l’impression d’un immense gâchis fit perler deux larmes à ses paupières plissées. Avec un gros soupir, il s’assit, enfila ses pantoufles et passa une main noueuse sur son visage buriné.
Il se sentait vieux, inutile, épuisé, découragé à l’idée d’une journée solitaire. Si André l’agaçait souvent, il lui manquait tellement aujourd’hui. Mais pourquoi fallait-il qu’il fasse toujours sa tête de mule ?
— Roux, mon vieux…il ne faut pas que tu te laisses aller. Ça n’est pas une maudite gitane qui va briser ta vie et la seule amitié qui te reste ici.
Et après une bonne douche, il entama une séance de ménage à fond tel que le faisait Geneviève son épouse. Elle répétait toujours:
— Quand j’ai un souci, ça me calme, m’empêche de penser.
Et effectivement, cette recommandation semblait marcher. À midi, il avait faim et mangea de bon appétit. Il allait s’assoupir vers deux heures dans son canapé, lorsque la sonnette de l’entrée résonna avec insistance.
Croyant au retour d’André et à une réconciliation, il se hâta d’aller ouvrir. Mais quelle ne ...