1. Couleur Tournesol


    Datte: 02/09/2018, Catégories: hagé, fagée, campagne, jardin, amour, dispute, nonéro, mélo, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... cerises sans personne pour les manger, c’était vraiment du gâchis ! Alors autant que quelqu’un en profite non ? Et de toute manière, il en reste suffisamment pour des conserves et des tartes. Je suis prête à venir chez vous gratuitement pour vous dédommager du dérangement et effectuer ces quelques tâches.
    
    Qu’en dites-vous ? Je peux arriver après le déjeuner si vous m’indiquez votre adresse et que les enfants m’aident à la cueillette, dit elle en s’adressant à Roux.
    
    Et lui tendant la main, elle ajouta aussitôt:
    
    — Je m’appelle Ethel. Ethel Simoni.
    — Mais c’est un prénom juif ! lança André avec une expression soupçonneuse, coupant Gilbert qui s’apprêtait à répondre.
    
    La femme, nullement décontenancée, se mit à rire.
    
    — Oui pourquoi ? Ça vous choque ? Selon vous, si on est déjà gitan, on ne peut pas être juif ? C’est incompatible ? Il faut croire que non puisque je suis devant vous !
    
    Maintenant si cela aggrave mon cas dans votre esprit, vous êtes tout à fait libre d’appeler sur le champ le préfet pour me faire enfermer pour… vol de cerises avec préméditation.
    
    Ça vous rappellera sans doute de bons souvenirs n’est-ce pas, lança Ethel d’un ton ironique.
    
    André serra les poings.
    
    L’insinuation en forme d’ insulte sonnait à ses oreilles comme une gifle magistrale.
    
    Rouge de fureur, il glapit:
    
    — Madame, je crois que vous n’aurez pas longtemps à nous supporter.
    
    Je vous donne quatre jours sur ce terrain avant qu’on vous change de domicile pour des cieux ...
    ... plus riants. Le temps de rassembler vos affaires et vos amis, vous n’aurez plus à supporter des voisins que vous taxez sournoisement d’antisémites.
    
    Viens Roux ! Nous n’avons plus rien à faire ici.
    
    Et sans attendre de réponse, il tourna les talons, entraînant Gilbert avec lui.
    
    Ce dernier, plus que gêné par la tournure des évènements, voulut jeter un regard à la femme, histoire de désamorcer la menace dont l’avait gratifié André. Mais elle avait elle aussi tourné les talons, entraînant les petits vers le camp, tandis que les voleurs de cerises leur crachaient une série de noyaux avec un mépris non dissimulé. Roux crut même entendre un des gamins lui jeter un sort. Mais il préféra ne pas prêter attention à ces vauriens.
    
    Sa tête bourdonnait…il ne pouvait pas laisser André repartir seul, même s’il réalisait que son ami avait eu grand tort de s’en prendre à cette femme. D’autant plus que la gitane proposait un arrangement somme toutes, acceptable.
    
    Roux fixa André tandis qu’ils remontaient en voiture. Son ami lui rendit son regard, mais celui-là chargé de haine.
    
    — Décidément, je peux me faire insulter sans que tu réagisses ! C’est incroyable !
    — Mais André…je ne pouvais pas…tu as…
    — Ne me dis pas que tu vas la défendre hein ?
    — Mais elle allait tout arranger…
    — Mon pauvre, cesse de faire le naïf, elle a juste voulu t’attendrir ! Et toi tu t’es laissé faire !
    
    Tu n’as pas compris qu’elle se fichait de toi comme de moi ?
    
    — Je n’ai pas compris ça.
    
    André ...
«1...345...15»