1. Chroniques immortelles - Viracocha (4)


    Datte: 01/09/2018, Catégories: Hétéro Auteur: Irina, Source: Xstory

    Je suis en nage. Je transpire à grosses gouttes. Je halète, essaie de reprendre ma respiration. Je suis à genoux, soutenue par deux femmes : Taima, et Luyana sa meilleure amie. J’ai passé mes bras autour de leur cou, heureusement sinon je m’écroulerai par terre. La tête me tourne, j’ai l’impression que je vais mourir. Mais je serre les dents. Je n’ai entendu aucune Indienne crier ou gémir dans ces moments. On ne m’entendra pas non plus.
    
    Et pourtant la douleur me ravage, je vais exploser. Je me crispe violemment, je pousse de toutes mes forces quitte à me déchirer les entrailles. Et puis un cri... suivi de pleurs aigus. Et j’entends la voix triomphale de Kanuna l’ancienne derrière moi.
    
    — C’est un petit garçon, Kirin, un beau petit garçon, regarde, ton enfant...
    
    — Donne-le-moi ! Dis-je comme une folle.
    
    On me tend le nouveau-né, tout mouillé, le teint violacé, qui continue à lancer des petits cris. Je l’ai pris dans mes bras. J’oublie tout, la douleur, les heures de travail. Il entrouvre les yeux, me regarde, étonné. Je le serre contre moi, je l’embrasse, lui donne de petits coups de langue instinctivement, comme si je commençais sa première toilette.
    
    — Mon bébé, dis-je les larmes aux yeux, mon petit garçon, oh par tous les dieux quel bonheur !
    
    Je me réveille en sursaut ! Putain, j’ai rêvé ! Je suis sonnée. J’ai l’impression d’avoir la gueule de bois. Je m’assois dans mon hamac, je reprends mon calme. La vache, ça semblait si vrai ! Je balaye les alentours du ...
    ... regard. Tout est normal, comme hier et avant-hier.
    
    Et pourtant ce matin je sens que quelque chose a changé. Je me sens différente. J’éprouve des sensations nouvelles, comme si un déluge d’hormones s’était déversé dans mon corps. La tête me tourne, quoique ce trouble commence à disparaître. Je fais quelques pas entre les maisons. Puis je reviens vers celle où je vis maintenant pour reprendre mon quotidien.
    
    Ça fait cinq ou six jours maintenant que je suis au village. Comme tous les matins, comme les autres femmes, je me fais un petit maquillage. Taima m’a suggéré de faire simplement trois traits à l’ocre rouge sur mes joues pour rappeler mon face-à-face avec le jaguar. Je suis donc une « femme jaguar » !
    
    Les femmes ont remarqué mes oreilles percées et se sont empressées de les garnir en riant et me félicitant. J’ai à présent une longue baguette qui me traverse les lobes plus ou moins comme elles. Par contre elles ont été très surprises de découvrir mes tétons percés pareillement. Et quand je leur ai expliqué que beaucoup de blanches le faisaient, c’est l’étonnement.
    
    — Mais comment font-elles quand elles ont des bébés ? Leur lait va s’écouler par les trous ?
    
    Oh putain...
    
    J’ai droit aussi à une séance d’épouillage ! Et merde, oui j’ai chopé des poux. Et alors quand on me les donne à croquer, je vous dis même pas... Puis nous nous livrons à nos activités quotidiennes. Taima et son amie Luyana m’apprennent l’art du tissage, cette technique de base qui permet de ...
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