1. La Trinité (6)


    Datte: 27/12/2022, Catégories: Partouze / Groupe Auteur: lecourtmaltais, Source: Xstory

    ... d’un univers bien ordonné, pour moi.
    
    « J’ai quelques conditions. D’abord, vous devez être heureux dessus, tous les deux. Deuxièmement, il ne faut surtout pas qu’Oban reste au ponton. Faites-lui voir du pays. Et troisièmement, vous me donnez des nouvelles, bien sûr. Julie, l’argent que je te donnais tous les mois, je continuerai de te le verser. Si vous faites attention, ça devrait aller… »
    
    Ils me sautèrent au cou tous les deux et Yann paraissait à deux doigts de me galocher sous le coup de l’émotion.
    
    ***
    
    YANN
    
    Je nage dans l’eau claire et grouillante de vie d’un lagon des Tuamotu, un poisson au bout d’une flèche. Je me suis perfectionné au cours des derniers mois dans maniement de l’arbalète et je crois que Sylvain commence à être impressionné par le récit de mes prises, quand un accès à Internet me permet de lui narrer mes exploits. Internet est par ailleurs devenu un des moyens de gagner (un peu) notre vie. Julie et moi avont une chaîne YouTube où nous racontons nos traversées et escales. Hervé, qui s’y connaît en montage vidéo, nous a mis le pied à l’étrier avant notre départ pour le grand large. Sylvain nous a également donné d’utiles conseils sur la photographie sous-marine. Les deux sont tombés de leur chaise quand je leur ai présenté Julie et annoncé que je partais faire le tour du monde avec elle… Entre l’argent que m’avait laissé mon père et celui d’Alban, nous nous en tirons pour l’instant. On verra pour la suite. J’ai découvert qu’il y avait de ...
    ... sortes d’aventures sans lendemain. Celle où l’autre disparaît définitivement après le petit-déjeuner (ou avant), et celle que j’ai la chance de vivre avec Julie, où c’est la notion de lendemain elle-même qui a disparu.
    
    Nous avons commencé par un tour de la Bretagne, puis par une traversée de la Manche jusqu’aux îles Scilly, pour tester les réactions de Julie à des situations inévitables en grande croisière et qui peuvent dégoûter une personne plus attirée par l’idée que la réalité de ce genre de vie, telles que la navigation de nuit avec tours de veille. Il fallait aussi que nous sachions si nous étions capable de cohabiter tous les deux, longtemps et sans Alban... Une fois rassurés sur ces points, nous avons commencé à penser aux choses sérieuses.
    
    Oban pouvait nous emmener où nous voulions, mais que voulions-nous ? Nous avons décidé de commencer par les Canaries puis le Cap-Vert pour ensuite traverser l’Atlantique jusqu’aux Antilles. Ensuite, la mer des Caraïbes nous a emmenés jusqu’à Panama. La traversée du canal m’a tellement remis mon père en mémoire, lui qui est passé si souvent par là. Après quoi s’ouvrait devant nous l’immensité du Pacifique. Nous n’avons pas été épargné par les tempêtes, mais n’aurions échangé nos places pour rien au monde. Nous goûtons un bonheur insolent. A quoi le devons-nous ? Je peux maintenant regarder pour de vrai ce ciel de l’hémisphère Sud, que je ne connaissais que par les atlas célestes. Je comprends pourquoi les humains ont pu penser que ...