1. John & Jane (6)


    Datte: 19/12/2022, Catégories: Transexuels Auteur: Kama666, Source: Xstory

    Je viens de raccompagner à la gare ma grande sœur Eve qui rentre à Montpellier, je n’aime vraiment pas les séparations sur les quais de gare ou les aéroports, j’ai la boule au ventre et les yeux larmoyants, c’est bien vrai "Un être vous manque est tout est dépeuplé"
    
    Et maintenant que vais-je faire ? Je décide de rentrer à pied pour tuer le temps. Après avoir quitté le tumulte de la gare et des boulevards environnants, je me retrouve sur les bords de Seine. Je n’ai pas le moral, je suis triste, je repense aux moments partagés ces deux derniers jours, son arrivée, notre baiser sur le quai, notre première nuit, la balade au jardin du Luxembourg, je souris en pensant à la manière dont a rembarré nos deux Roméo, le passage au sex-shop, là encore ç’était chaud... et la pose de la cage pour mon gros rat des villes. Ce cadeau que je porte me rappelle sa main sur mon sexe et sa contrainte m’empêche de bander en son absence.
    
    J’aime les bords du fleuve, loin de la circulation, sa couleur gris-noir, le miroitement de l’eau, c’est agréable de flâner sur les quais. En cette belle matinée de printemps il fait bon et je profite d’un banc pour me reposer, pour penser à tout, à rien, au passé, au futur, je regarde sans les voir, les promeneurs, ce couple d’amoureux, ils sont dans leur univers et moi dans mon monde abandonné. Je suis triste, un oiseau chante dans l’arbre au dessus de ma tête : « chante rossignol chante, toi qui a le cœur gai, tu as le cœur à rire, moi je l’ai à pleurer ...
    ... »...
    
    Mon horizon se limite au bout de mes pieds, aux pavés du quai, à l’eau du fleuve, j’y vois Eve me sourire "Ça va aller" ... oui ça va aller. Le regard embué je reprends ma promenade jusqu’à chez moi et y arrive lorsque douze coups sonnent à Notre Dame. Le brouhaha de la rue m’assomme, dès que la porte du hall se ferme, je retrouve le bien-être du silence et de la pénombre. Je monte lentement mes sept étages songeur, je repense à hier soir... lorsque comme hier, arrivé au 4ème je suis surpris par Germaine qui m’interpelle et me sort de mes pensées :
    
    — Bonjour John ! Comment vas-tu depuis hier soir ?...
    
    — Bonjour Germaine, (dans un murmure la voix tremblotante je fais celui qui ne comprend pas) hier soir ?...
    
    — Ben oui ! La jolie jeune fille en bleu...
    
    — …
    
    — Je te trouve bien triste. Entre ! dis-moi ce qui se passe, ton amie est partie ?... Je suis seule, Bernard est à la chasse, si tu veux, unissons nos solitudes, déjeunons ensemble, nous pourrons papoter et mieux nous connaître.
    
    — Croyez-vous ? Je vais vous déranger.
    
    — Mais non pas du tout. Entre ! Il y a toujours une place à table pour un invité et nous avons toute l’après-midi pour discuter.
    
    Pour m’inviter à entrer, sa main dans le dos me pousse dans son appartement. Comme la première fois qu’elle m’a invité à entrer dans ma chambre, je ressens un fluide étrange, je retrouve également ce parfum si capiteux, si sensuel que Eve a noté. Je passe la porte un peu obligé et plutôt inquiet de la ...
«1234...»