1. Lesbian story X (1)


    Datte: 04/12/2022, Catégories: Lesbienne Auteur: Gentille75, Source: Xstory

    ... mieux qu’une femme pouvait comprendre ses congénères physiquement et mentalement.
    
    Le problème de l’acceptation réglé, je travaillai d’arrache-pied afin d’obtenir la plus belle des mentions au bac, dans un but non-avoué. Être la meilleure, la plus sage, c’était convaincre les parents de mon aptitude à gérer le quotidien loin du nid familial. Ainsi, j’emménageai seule dans un petit appartement du 4ème arrondissement de Paris. Papa aurait préféré me savoir plus près de la Sorbonne, maman aurait choisi une cité universitaire surveillée ; toutefois, la vie s’apprenait ailleurs que dans un amphithéâtre. J’avais besoin d’un espace à la mesure de mes aspirations pour essayer mes ailes.
    
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    Quelle déception devant ces touristes en cortège soumis au bon-vouloir de leur guide, ces étudiants affamés d’indépendance, ces ménagères soucieuses de la dernière flambée des prix, ces représentants en quête d’un rendez-vous, ces gamins heureux d’échapper à la vigilance de leur mère, ces commerçants surexcités, ces employés municipaux blasés. C’était donc ça le quartier atypique de Paris repeint aux couleurs de l’arc-en-ciel, dont certains faisaient l’apologie sur Internet ? J’avais imaginé, incapable de présumer du ridicule d’une telle conception, que tout le monde était gay dans le Marais.
    
    Il fallait attendre le soir, quand les hordes de noctambules attirés par les lumières des bars prenaient possession des lieux de rassemblement festifs qui ne désemplissaient plus de l’heure de ...
    ... l’apéro à celle de la fermeture. La séparation des genres devenait alors la norme. On était loin de la politique du chacun chez soi, la survie économique obligeait à la mixité ; toutefois, les deux sexes prenaient de la distance, jusqu’à s’ignorer poliment. De loin, j’avais l’impression d’observer des couples de divorcés, contraints à se côtoyer chez des amis incapables de choisir un camp.
    
    Bientôt, certains bars m’apparurent plus intéressants que d’autres, de quoi m’occuper en début de soirée. Combien de passages au ralenti devant les terrasses bondées, sur les trottoirs en face de ceux encombrés de femmes la clope au bec, craignant d’approcher de trop près ces lesbiennes dont je me revendiquais publiquement, qui m’intimidaient pourtant, combien de clins d’œil ignorés, de sourires occultés, d’invitations refusées. Il était plus facile de fantasmer chez moi en matantThe L Word à la télé ou en délirant sur mon journal intime.
    
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    Avoir 18 ans ne changeait rien ou presque, à part le droit de vote, certainement pas de quoi révolutionner le quotidien d’une étudiante timide, incapable de reconnaître son avidité de concret. Le vendredi suivant mon anniversaire, je cédai à la pression d’une copine venue passer la soirée avec moi, une hétéro poussée par la curiosité ; c’était à la fois excitant et angoissant, malsain de sa part, mais cela ne m’apparut que plus tard. Le printemps en avance incitait à l’audace, je l’amenai dans un bar situé à cinquante mètres de chez moi, une ...
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