1. Mille neuf cent soixante huit (2)


    Datte: 15/11/2022, Catégories: Inceste / Tabou Auteur: Conkupiçan, Source: Xstory

    Notre situation à la grande ville était des plus banales. Vivre à deux dans un F2 aurait pu créer des situations ambiguës, mais à cette époque il n’en fut rien.
    
    En ville, cette année-là, les idées commençaient à bouillonner. La pesanteur bourgeoise se faisait lourde. La notion qu’il était interdit d’interdire commençait à germer. Dans les arts, le cinéma, bousculer un tabou était apprécié. Ma mère était restée très à gauche. Elle gardait un immense respect pour le Général, mais pas pour la classe qu’il représentait.
    
    De mon côté je lisais beaucoup. Marx, Engels pour le côté politique. Freud, bien sûr. Et son complexe d’Oedipe. Oedipe nous faisait rire avec ma mère. Pour nous, il était plus coupable de violence envers un vieillard qu’un fils incestueux, dans la mesure où il ne savait pas que Jocaste était sa mère. Plutôt un usurpateur opportuniste profitant d’un peuple naïf. Bref, une espèce de salmigondis de gauche. Et en fait ça nous amusait beaucoup.
    
    Donc soixante-sept se passe ainsi, pleine de films : « Les risques du métier », « Les demoiselles de Rochefort », etc. Cinéma avec maman, avec les copains, discussions politiques, les journaux interdits –bêtes et méchants – si peu bêtes, et bien peu méchants, en fait. Leurs auteurs, devenus mes idoles.
    
    Et viennent les vacances de Noël. Direction le chalet. Noël plutôt gris et humide. Peu de neige. En fait, il n’y avait pas grand-chose à faire au chalet à Noël, cette année-là. On y a beaucoup lu. On a fêté Noël à ...
    ... deux, maman et moi. Des livres échangés en cadeaux respectifs. Je ne me souviens plus des titres.
    
    Pour notre sujet, peu d’évènements jusqu’à un certain jour. Pourtant, dans la semaine qui a précédé Noël, je ne me souviens pas avoir fantasmé. Sur aucun sujet. On a coupé dans la forêt un mini sapin. Quelques boules de verre suspendues. Et comme ce n’était pas enneigé, j’ai fendu beaucoup de bois pour les fourneaux et la cheminée, en prévision.
    
    Mais 48 heures après le réveillon – bien modeste – alors que j’occupais la salle de bain, un incident décisif a eu lieu. La salle de bain (c’est un bien grand mot) était tout en longueur. On y accédait par le sas d’entrée, alors non chauffé, protégé seulement par la lourde porte en bois de feuillu de 20 cm d’épaisseur. En face de la petite porte sans serrure ni verrou de la salle de bain se trouvait le lavabo en faïence. À sa droite la cuvette des WC. Et en entrant, donc à droite, le bac de la douche, en ligne avec les waters. Sans rideau ni paroi de verre. Je rappelle que l’on fonctionnait avec eau de source, fosse septique et mini chauffe-eau au gaz : il fallait être sobre et parcimonieux.
    
    Ce soir-là nous avions partagé une bière en bouteille avec ma mère. Avant d’aller dormir je me rendais en principe à la douche. J’écris "en principe", car avant de lancer l’eau et le chauffe-eau, j’avais eu envie – comme la salle de bain était chauffée par un petit radiateur à gaz – de me donner un peu de plaisir solitaire au chaud, tiédeur ...
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