SDF - Histoires de Sexe

SDF

... l’autre côté du couloir par rapport à la chambre d’amis. La lessive est sur l’étagère. Réglez simplement le lave-linge sur normal et appuyez sur le bouton de démarrage.

Je me demande si ce sont les seuls vêtements qu’elle possède. Elle n’a pas de sac avec elle, mais peut-être en a-t-elle laissé quelques-uns ailleurs. Merde, j’aurais dû lui demander hier si elle avait besoin de récupérer quelque chose.

Je mets la vaisselle dans l’évier et la rejoins à la buanderie. Elle est en train de manipuler le curseur du lave-linge.

— Je suppose que j’aurais dû vous le demander hier, mais, avez-vous besoin de récupérer d’autres affaires ailleurs ?

Où les sans-abris cachent-ils leurs affaires, d’ailleurs ?

— Non, c’est tout ce que j’ai maintenant, répond-elle en détournant le regard.

Aïe, une question qui fait visiblement mal. Je m’assieds sur le tabouret au fond de la buanderie.

— Que vous est-il arrivé ? Pourquoi êtes-vous à la rue ?

Elle tourne brièvement son visage vers moi et je sens ses larmes revenir. Putain, quel abruti ! Je ne voulais pas déclencher ça. Je n’insiste pas et je vais pour me lever et sortir, mais elle reprend la parole :

— Mon dorénavant ex-petit ami, Théo, et moi faisions de l’auto-stop à travers le pays en suivant la tournée d’un groupe de métal. Nous vivions au jour le jour. Juste quelques petits boulots alimentaires de temps en temps.

J’entends les sanglots dans sa voix.

— Nous nous sommes pas mal saoulés, il y a quelques ...

... jours et je me suis retrouvée au lit avec lui et un gars que nous avions rencontré sur la route. Cela s’était déjà produit et ça ne me gênait pas, j’aime bien le sexe.

Elle s’essuie les yeux avec la manche du peignoir.

— Mais le lendemain, j’ai vu le gars donner de l’argent à Théo en lui disant que j’étais un très bon coup et que je valais chaque euro qu’il avait payé.

Je peux voir maintenant des larmes inonder ses joues.

— Ce connard de Théo me disait qu’il m’aimait par-devant, mais ça ne l’empêchait pas de me vendre comme une pute par-derrière.

Ses épaules tremblent et elle s’appuie sur la machine à laver.

— Bref, je l’ai quitté, j’ai fait du stop et je me suis réfugiée dans la première ville que j’ai croisée, c’est-à-dire ici.

Je suis stupéfait. Je me vois mal continuer à lui chercher une place en refuge après ça. Pas après ce que ce salaud lui a fait.

Je sais que c’était probablement inapproprié, mais je ne veux pas la laisser supporter ça tout seul. Je me lève, vient derrière elle et je la serre contre moi. Je ne trouve rien à lui dire, mais j’espère que mes gestes parlent pour moi. Elle se retourne dans mes bras et enfouissant sa tête contre ma poitrine, elle pleure doucement. Je reste ainsi, immobile, jusqu’à ce que ses sanglots cessent.

— Je ne vais pas vous laisser aller dans un refuge pour sans-abri, où vous pourriez tomber sur d’autres connards. Vous avez eu suffisamment d’emmerdes jusqu’ici. Vous pouvez rester ici autant qu’il vous ...