1. SDF


    Datte: 29/08/2022, Catégories: fh, hplusag, jeunes, caférestau, douche, Masturbation nopéné, rencontre, Auteur: Pericles, Source: Revebebe

    Levant les yeux de mon écran, je regarde l’open space autour de moi d’un œil morne. Mon travail est de plus en plus inintéressant, ce qui m’amène à en faire de moins en moins. Il faut dire que voilà maintenant dix-huit ans que je fais la même chose. Et au moins sept ans que je m’emmerde au plus haut point !
    
    Ce qui est fou c’est que petit à petit, j’ai réduit ma charge de travail à un point tel que je me sens presque coupable de recevoir chaque mois un salaire très confortable, qui n’est clairement plus du tout en rapport avec le travail effectif que je délivre. Ma pause déjeuner s’est allongée jusqu’à dépasser régulièrement les deux heures et je ne me prive pas de partir plus tôt lorsque j’en ai envie, ce qui arrive de plus en plus souvent.
    
    Depuis que je suis devenu le Directeur du développement informatique de la grosse PME qui m’emploie, je suis devenu paresseux. Heureusement pour moi – et malheureusement pour mon entreprise – je suis une personne difficile à remplacer.
    
    Pendant mes toutes premières années de travail pour ma boîte, j’étais plein de motivation et je ne comptais pas mes heures. Le patron de la société m’a alors accordé toute sa confiance sur la gestion réseau et le développement des progiciels nécessaires à la bonne marche de l’entreprise. Dans de nombreux cas, j’ai fini par coder moi-même des solutions quand je n’arrivais pas à en trouver l’équivalent sur le marché. Et de fait, mes contributions font désormais partie intégrante de la valeur de ...
    ... l’entreprise. Je ne suis certes pas assez naïf pour penser que je ne pourrais pas être remplacé, mais ce serait très compliqué. Développement Agile, SCRUM, Kanban… toutes ces techniques modernes de développement n’existaient pas encore à l’époque et, de fait, tous les manuels et documentations des solutions que j’ai développées sont dans ma tête et nulle part ailleurs. Ce n’a pas été une démarche volontaire de ma part, je ne l’avais pas prévu de cette façon, cela a juste évolué ainsi au fur et à mesure que la société grandissait.
    
    Et, petit à petit, je suis passé du statut de seul développeur de la boîte à responsable d’un service de neuf personnes. Et comme c’est moi qui les ai recrutés et les ai formés, j’ai la chance de pouvoir totalement m’appuyer sur le travail de mes collaborateurs.
    
    J’ai lu, il y a quelques années dans une revue de management, que « le but de tout manager est de tendre vers son inutilité » : et bien on peut dire que j’y ai à peu près réussi. Moins j’en fais et plus mon département tourne comme une horloge.
    
    Et comme en plus le chiffre de mon salaire a évolué de manière inversement proportionnelle au travail réel que je faisais, je n’ai vraiment pas à me plaindre. Mes plus gros problèmes aujourd’hui sont de m’assurer que les gars de mon équipe sont au travail à plein temps et de fournir le rapport d’activités occasionnel qu’on me demande et que je reste le seul à pouvoir créer.
    
    En plus, j’ai économisé près d’une centaine de jours de congés. Je n’en ...
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