1. À quoi rêvent les robots ?


    Datte: 15/08/2022, Catégories: fh, inconnu, cérébral, revede, BDSM / Fétichisme Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... intérêt. Ce qui me ravit, ce sont ces images inattendues, troublantes. Les seins menacés par l’ombre de la cravate. Si le programme s’allongeait sur la banquette du docteur Freud, pas difficile de deviner ce que celui-ci lui dirait. Et puis quelle trouvaille involontaire que la promiscuité de la cabine, le match Chelsea-Arsenal, les fumigènes ! Je n’y aurais jamais pensé moi-même, mais c’est un détail magnifique, involontairement poétique. Je n’ai pour cette première tentative rien réglé, j’ai utilisé les paramètres standard. Je décide de les modifier, puisqu’il est possible, à partir de deux curseurs, d’ajuster les tolérances, de paramétrer la longueur du paragraphe fourni, de lâcher la bride à l’algorithme ou le contraindre au contraire à rester plus fidèle au contexte de la phrase initiale. Je décide de rendre celle-ci bien plus explicite.
    
    Un simple réglage a permis d’éliminer les résultats inattendus, à part celui de cette petite culotte qui change de couleur d’une phrase à l’autre. Passée la surprise de l’olive, la fidélité au contexte initial est presque excessive. Je recommence, fasciné, tente une autre phrase, d’autres réglages au hasard, curieux de découvrir le résultat.
    
    Cette expérience est addictive. Troublante aussi : du fantasme assisté par ordinateur. Étrange impression : celle de rêver à une baise à trois, entre Barbara, moi, et une mystérieuse entité qui s’empare de nos désirs, les digère, les assaisonne à sa façon. Le robot ne comprend pas un mot de ...
    ... ce qu’il livre, et pourtant, on dirait bien que ses innombrables bits et bytes bandent à l’unisson, comme je le fais à présent, en superposant à cet érotisme artificiel l’image de la véritable Barbara. J’aimerais qu’elle soit là, alanguie sous mes caresses. Je prolonge l’exercice, modifiant à nouveau les paramètres, poussant un des curseurs à l’extrême, et rendant la phrase d’amorce toujours plus explicite, impatient de découvrir le résultat.
    
    L’algorithme commence à se répéter, enfermé qu’il est dans un réglage lui imposant de rester au plus près des prémices initiales. Ce n’est finalement pas si éloigné des descriptions obsessionnelles de tant de récits pornographiques. Sauf que c’est en réalité beaucoup plus réussi : ces répétitions sont troublantes, elles ont presque du style. Je pousse cette fois les curseurs de réglage à l’extrême limite.
    
    Le logiciel perd les pédales : il veut ou il veut pas, comme dans la chanson de Zanini. Et pourtant, ces troublants désirs contrariés, pour être musicaux, me paraissent moins burlesques que torrides, du côté de « je t’aime moi non plus ». Une dernière fois, je sollicite le générateur de texte, laissant au contraire un maximum de liberté à l’intelligence artificielle pour compléter ma proposition et me surprendre. Je n’introduis cette fois que la stricte vérité, comme pour confier au logiciel le rôle d’oracle, me prédire ce qui se passera bientôt réellement entre Barbara et moi.
    
    Je reste songeur. Comment cette foutue machine ...
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