1. Police polissonne (1)


    Datte: 22/08/2018, Catégories: Divers, Auteur: Pikatchu, Source: Xstory

    Nous sommes le mercredi 1er juillet 2015 au commissariat de Police des quartiers nord de Marseille. Noémie, 16 ans est menottée au lourd radiateur du bureau du commissaire de police Karl ; à ses côtés l’inspecteur Morard. Il vient d’arrêter la jeune fille en flagrant délit de vol à l’étalage, cela fait déjà plusieurs fois qu’elle se fait pincer ; mais cette fois le commissaire veut marquer le coup. Père de famille il voudrait malgré tout aider cette pauvre fille au passé douloureux.
    
    Elle, l’air renfrogné, serre les poings et les dents. Ce que lui raconte le commissaire lui passe au-dessus de la tête, et refuse de répondre aux questions.
    
    « Putain, je me suis encore fait choper ; cette fois je vais morfler. J’en ai marre de cette vie de merde, je n’en peux plus. » pense-t-elle.
    
    Cette pauvre gamine a toutes les raisons de lâcher prise. Née par accident, elle est la fille d’un couple d’immigrés polonais sans travail et sans ressources ; comme la majorité de ces familles des quartiers nord de Marseille. Elle vivait dans une de ces cités où règnent la terreur des dealeurs et aussi la violence des parents alcooliques, comme son père. Ne supportant plus le climat familial, avec ses scènes de violence sous fond d’alcool, et surtout depuis le jour où son père avait menacé de la tuer si elle ne rapportait pas d’argent à la maison pour qu’il puisse acheter, sa boisson favorite : du whisky. À quatorze ans elle s’enfuit de chez elle, et se retrouva dans la rue, seule et sans ...
    ... ressource. Elle plongea alors dans la délinquance, car elle ne se sentait pas faite pour elle l’école. Pour ne pas tomber dans la drogue, qui lui faisait peur ; elle se mit à voler pour survivre. Elle traînait son sac à dos rempli de quelques effets personnels qu’elle emporta la nuit où elle quitta l’appartement familial en laissant à sa mère un mot écrit d’une main tremblante : « Pardon Maman, je t’aime ». Elle dormait où elle pouvait. Les policiers supposent qu’elle doit certainement se prostituer et aussi dealer. Mais ce qu’elle redoutait le plus vient d’arriver une fois de plus. Elle ne compte plus le nombre de fois où elle s’est fait pincer ; et vu l’accueil que viennent de lui réserver les deux policiers ; elle est certaine qu’elle va passer un sale quart d’heure.
    
    — Noémie ! hurle le commissaire, cela fait dix fois en deux ans que tu te fais pincer pour vol ; quand vas-tu arrêter tes conneries ?
    
    — …
    
    — Tu réponds !
    
    Elle lève le nez vers son interlocuteur. Le commissaire Karl est un vieux de la vieille, l’heure de la retraite approche doucement et derrière son visage buriné par le temps se cache l’âme d’un père et d’un grand-père. Il est énervé de voir encore cette gamine, têtue comme un âne, rebelle au possible, enchaînée pour la dixième fois au radiateur de son bureau. Il a tout essayé pour raisonner cette enfant de la rue, mais rien n’y fait. Il reste persuadé qu’elle est capable de faire de belles choses, mais elle s’obstine. Et lui hurle :
    
    — Jamais ! Vous ...
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