Un matin d'automne - Histoires de Sexe

Un matin d'automne

... passe quoi, là. C’est Louis qui a eu un accident en partant à son match ? Pas possible, ils partaient en bus avec l’ensemble de l’équipe… Aline ? Non, elle est déjà sur place, je l’ai eue au téléphone hier soir… Pierre ? Mais il ne peut rien arriver, ils tous à vélo et roulent tous prudemment. Putain, je panique… Le magasin cambriolé ? Non l’alarme ne m’a pas avertie… Zuuuut, mon téléphone, où est-il ce satané téléphone si ça se trouve, il n’a plus de batteries…

— Oui… Oui, entrez…

On franchit ensemble les quelques mètres qui nous séparent de la maison… nous entrons au salon ou la fraîcheur reste plus grande.

— Je suis la capitaine Élise D., de la Brigade de Nyons, me dit la femme.
— Et moi, l’adjudant Sylvain M.
— Vous êtes bien l’épouse de Pierre G, architecte à Nyons ?

D’un coup, je sens monter une panique en moi comme une lame de fond, mes mains se mettent à trembler… Du calme, ça doit être la peur du gendarme, les émotions de tout à l’heure qui m’ont trop sensibilisée…

— Ou… oui ! dis-je finalement la gorge sèche. Il… euh… il n’est pas là, il est parti faire du vélo avec des amis, d’ailleurs il ne devrait pas tarder à rentrer.
— Madame, reprend la capitaine avec quelques ...

... trémolos dans la voix. Votre mari ne rentrera pas. Avec ses amis, il y a eu un accident, un véhicule a fauché le groupe de cyclistes, plusieurs sont blessés…

Ma vue se trouble, mon pouls s’accélère, me bouche se sèche instantanément, je l’interromps brutalement :

— Où est-ce arrivé ? Dites-moi à quel hôpital ils sont, dites-moi…

Je m’entends crier perdant toute retenue ! La capitaine me prend le bras pour essayer de me calmer ! Je reste interloquée.

— Madame, s’il vous plaît…, plusieurs sont blessés, grièvement et malheureusement deux d’entre eux ont été tués, sur le coup…

Je hurle pour qu’elle me donne le nom de cet hôpital, j’agite le bras fermement pour qu’elle me lâche… surprise sous son calot idiot, elle me regarde avec des yeux ronds, brillants.

— Madame, s’il vous plaît, écoutez-moi ! me dit-elle fermement.

Et l’autre à côté qui ne bouge pas ! Le regard dans le vide, sur le carrelage que je dois laver cet après-midi…

— Madame, je dois vous annoncer que votre mari est malheureusement décédé dans ce terrible acc…

Excédée, violentée par cette annonce que je ne comprends pas tout de suite, je sens mon ventre se contracter, mes jambes m’abandonner, le noir, le silence ! Je tombe.