1. Mes chères amies (6)


    Datte: 01/08/2022, Catégories: Transexuels Auteur: Justine_, Source: Xstory

    ... de profiter de l’extérieur ainsi habillé, mais j’ai peur d’affronter le regard des autres, j’ai peur du jugement. C’est très étonnant, car étant gay, on me juge souvent, et des fois mal. Mais je m’y suis fait et j’assume mon homosexualité, mais là c’est différent, j’ai l’impression de tricher, d’usurper l’image d’une autre, d’être ridicule. La présence de Sarah et de Léa à mes côtés me rassure évidemment. On descend les quelques étages par l’ascenseur pour rejoindre la voiture de Sarah au parking souterrain de l’immeuble. Léa insiste pour que je monte devant et Sarah démarre la voiture et sort du parking de la résidence. La nuit n’est pas encore tombée en ce samedi de printemps, je suis désormais au grand jour, je ne peux plus reculer. La petite voiture se faufile dans la circulation toujours chargée dans Paris et se dirige vers la Place des Vosges. Sarah trouve à se garer et nous descendons toutes les trois.
    
    — C’est ici que nous allons dîner ? je demande.
    
    Je connais ce quartier, proche du Marais, là où je viens de temps en temps.
    
    — Non, juste que nous allons faire une petite balade ici, pour t’habituer... à marcher, à bouger... à vivre quoi !.
    
    — Oui ici c’est calme, chic... aucun risque que nous soyons importunées, que TU sois importunée, renchérit Léa.
    
    Elles pensent à tout et sont très attentionnées.
    
    Nous partons donc toutes les trois, bras dessus bras dessous nous promener sous les arcades de la place des Vosges.
    
    J’ai l’impression de rêver tout ...
    ... éveillée. Être dehors, marcher en jupe, marcher sur les talons dans la rue, les entendre claquer sur le sol, sentir les jarretelles se tendre légèrement à chacun de mes pas... Nous croisons des couples de tous âges, des couples avec enfants, des messieurs en costumes et même des dames seules. Au début, je tournais légèrement la tête ou la baissais, puis rapidement j’ai gardé la tête normale. Bien sûr, on nous a regardés parce que l’on ne croise pas trois jeunes femmes élégantes sans en apprécier la vue, mais à aucun moment quelqu’un ne m’a dévisagé ni regardé étrangement. A aucun moment, je ne me suis sentie malaisée. Le stress tombait, je me sentais de plus en plus à l’aise, ma démarche devenait plus souple plus naturelle. Au début je ne parlais pas, puis je me suis enhardie à parler avec les filles en essayant de respecter les consignes données sur ma voix.
    
    Rassurée, nous continuons la balade en sortant de la place pour nous diriger vers le boulevard Beaumarchais. Léa et Sarah chuchotent entre elles.
    
    — Vous manigancez quoi les filles ?.
    
    — Eh ben justement, j’ai besoin d’un magazine, il y a un magasin de journaux là, tu veux bien aller me l’acheter Justine ?
    
    Je regarde Sarah avec des grands yeux ronds. Je comprends leur petite combine.
    
    — moi ? seule ? ohhhh nooooon.
    
    — ohhhhhh mais si ! rigolent les filles ensemble.
    
    — Allez... dis-toi que ça fait partie de l’apprentissage, dit Léa.
    
    J’abdique et rentre dans le magasin, je ne suis pas rassurée, l’angoisse ...