Dizygotes jusqu'au bout
Datte: 01/07/2022,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Briard, Source: Hds
... Mines Paris Tech. Brillamment diplômé, il revint au bercail où il siégea au Conseil d’Administration de la société familiale aux côtés de sa mère, si fière de son fiston chéri. Il avait à présent vingt-sept ans et se donnait encore quatre ou cinq ans avant de commencer sérieusement à chercher une compagne pour fonder une famille. Dès sa prise de fonction, il rénova le service administratif, améliora considérablement le marketing, modernisa la stratégie commerciale en matière de gestion de la clientèle et s’attaqua à la recherche de nouveaux marchés. Vite dépassés par tant de compétences, ses parents louèrent le ciel de leur avoir donné un fils aussi doué et prirent rapidement l’habitude de valider sans discussion toutes ses décisions.
 
Trois années passèrent ainsi jusqu’à ce que, un matin, Henri fut emmené d’urgence au CHU de Reims, après avoir été trouvé inanimé dans l’espace de vente du chai. Paula et Julien suivirent l’ambulance et attendirent deux heures à l’accueil qu’on leur indique dans quelle chambre il avait été installé. Une infirmière vint les chercher pour les accompagner jusqu’au service de réanimation où ils le trouvèrent endormi sous assistance respiratoire, mais le visage semblant apaisé. Ils durent patienter encore deux bonnes heures avant que le professeur qui l’avait pris en charge ne vint les saluer. Il alla droit au but, sans détour, et ne leur laissa que peu d’espoir.
« Votre époux souffre d’un cancer bronchique. Il a vécu à une époque ...
... où l’épandage de produits chimiques se faisait sans protection et l’inhalation de tous ces poisons a fini par atteindre ses poumons. Cette tumeur est présente depuis pas mal de temps et elle a fait de très nombreux dégâts. Son stade est trop avancé pour envisager une intervention chirurgicale.
« Mais je ne comprends pas monsieur le professeur, mon mari n’a jamais fumé de toute sa vie.
« Vous savez madame Brosset, respirer tous ces produits chimiques peut être pire que fumer quelques cigarettes par jour. »
« Mais qu’allez-vous lui faire ? »
« Nous allons le mettre sous protocole de chimiothérapie dès demain. Si tout se passe bien, il sera rentré à la maison d’ici la fin de la semaine. »
« Mais, si vous le laissez rentrer chez nous, c’est qu’il ira beaucoup mieux et qu’il guérira ? »
« Je vais être franc avec vous madame. Le mal qui ronge les poumons de votre époux est très avancé. Le traitement va ralentir le processus, c’est certain, mais il est peu probable qu’il le stoppe. »
Julien qui assistait jusque-là silencieux au dialogue entre le professeur et sa mère entra dans la conversation.
« Sincèrement professeur, qu’elle espérance de vie vous lui donnez ? »
« Je ne vous cache pas que votre père ignore l’état d’avancement de la maladie. Nous l’avons mis sous sédatif pour la journée, afin qu’il soit reposé pour attaquer les soins au plus tôt demain matin. Enfin, pour répondre à votre question, je dois vous dire que je crains que les fêtes de noël ne se ...