À Paris - Histoires de Sexe

À Paris

... peine encore un peu dans les côtes, mais fait le brave. En suivant Béa, je constate qu’elle aussi a maigri, pratiquant de fait le même régime. Ça lui va plutôt bien, elle semble rajeunie. Il flotte comme une impression de bonheur tranquille, c’est très rassurant. Le soir nous parlons longuement de mes études. Je leur dis combien c’est différent de la prépa, avec beaucoup moins de pression, moins de cours, plus de travail personnel et de groupe, des intervenants très intéressants. Mais globalement, les enjeux sont minimes, d’après les plus anciens. Le plus difficile est d’y entrer, après, tout le monde en sort diplômé, ou presque.

— Je ne veux pas remettre ça sur le tapis, commente mon père, mais ce que tu nous dis me donne l’impression que l’on ne fait qu’acheter un diplôme.
— Papa, malgré l’enseignement de haut vol qu’il ne faut pas renier, il y a un peu quelque chose de ça, je te l’accorde.

Le lundi, nous partons ensemble pour l’entreprise. Là, je suis scotché. C’est étonnant de voir réalisé tout ce qu’on a imaginé. Alors certes, il y a de nombreuses touches paternelles, ne manquant pas d’à-propos, je dois le reconnaître. Par exemple, il a varié les couleurs du revêtement de sol avec chaque domaine de travail. Pas mal. Il a déplacé le bureau directorial ancestral au premier étage pour restructurer le rez-de-chaussée : accueil, secrétariat, comptabilité, pôle commercial et, nouveautés, un pôle création et un espace détente-restauration. Je rêve !

— Oui, tu ...

... comprends, il faut en permanence créer de nouveaux produits, réactualiser les anciens.
— Je suis bien d’accord avec toi. Mais alors, tu as embauché quelqu’un ?
— Oui, à mi-temps pour l’instant. Devine qui ? Béatrice !
— Noonnn ! Vous m’avez caché ça, hier. Super ! Pour elle et pour toi, non ?
— Oh oui, pour nous deux c’est un nouveau départ. Et j’ai pu préserver tous les emplois, j’en suis très fier. Tu sais, la dame qui rectifiait les découpes aux ciseaux, elle devenait inutile avec le « Lectra ». Oui, mais qui dit plus de production dit nouveaux besoins, elle est passée sur un second poste de « main chaude », à la finition.
— C’est plutôt bien. Et cette salle de restauration ?
— Oh, ça n’a rien d’une cantine, juste une salle aménagée avec des tables, des chaises, une télé, deux micro-ondes, une cafetière, de quoi apporter sa gamelle, en somme. Et puis, ça a été un peu donnant-donnant. Ils voulaient depuis longtemps pouvoir déjeuner sur place, alors comme je leur demandais de faire l’effort de prendre leurs vacances en juin, sans les enfants… En plus on peut y faire des réunions et en ce moment ça sert de salle de formation.
— Eh bien, c’est une très bonne chose. Un peu de polyvalence et beaucoup d’efficacité. Je suis fier de toi, tu as magnifiquement géré ce projet. Je vais prendre des photos. Tu me permets d’utiliser le rapport que je t’avais fait pour mes études, le cas échéant ? Ça pourrait me servir…
— Alors si toutefois des pontes d’HEC se penchent sur ce dossier et ma ...