À peine la rue à traverser
Datte: 03/04/2022,
Catégories:
inconnu,
revede,
Voyeur / Exhib / Nudisme
nonéro,
Auteur: Mlle Fanchette, Source: Revebebe
... rôdent ? Ne sais-tu pas les hommes-loups en maraude ? Ciel, et s’ils devinaient comme moi, sous la lourde étoffe, la belle de choix ? Allons, rentre vite, tendre étourdie, viens rassurer ce cœur tremblant qui découvre avec émoi que tu lui manques déjà.
Filent les heures, mais point de cape et déjà mon imagination dérape de catastrophe en apocalypse. Dis-moi, est-ce ainsi que de ma vie tu t’éclipses ? Mais, là, enfin, au coin de la rue, paraît ma belle inconnue. Le souffle soudain libéré, je la regarde comme chaque jour marcher jusqu’à la porte, jusqu’à la cour, là, tout près, juste en bas, à peine la rue à traverser. Comme chaque jour, tu disparais, mais une lumière naît au rez-de-chaussée et le verre ainsi illuminé devient porte vers un monde enchanté. Aurais-je le privilège, un jour, d’y entrer ?
Coule le temps sous ma fenêtre, je ne sais plus où sont mes cigarettes, mais toujours je la guette puis la regarde passer jusqu’à la porte, jusqu’à la cour, là, tout près, juste en bas, à peine la rue à traverser… caché par la nuit qui tombe si vite, je contemple ta vitre devenue si lumineuse à ma vue. Oserais-je te chercher plus loin dans ton domaine, dans le Saint des Saints ? N’est-ce pas sacrilège ? Et pourtant, mon regard est comme pris au piège et devine derrière le voilage vaporeux ta vie, tes gestes, tes mouvements gracieux.
Peu à peu, à observer à travers les croisées, je te découvre coquette, vive, rieuse.
Certains soirs, je te vois la tête courbée à ton ...
... bureau ou à t’amuser, à te détendre, à danser. C’est magique quand ainsi tu t’animes, effets de jupe et jeu de jambes et tu ris seule de tes exploits… J’aimerais rire avec toi. Oh, si tu savais comme je rêve de te rencontrer. Il n’y aurait que la rue à traverser, mais je n’ose pas. Je reste là, à regarder en bas, à fumer sans cigarette, à songer à une brune sibylline qui trop tôt vient clore ses volets, me cachant ses secrets.
Par bonheur un soir, un soir seulement, tu les as oubliés. C’est drapée d’un blanc nuage, emperlé de rosée que sous mes yeux conquis tu t’es montrée. Divin spectacle ! Exquise vision que cette peau de nacre dont j’imagine la douceur sous le coton ! Tu serres contre toi l’étoffe bouclée qui cache ta nudité comme si peut-être tu avais deviné, par-delà le rideau, mon regard indiscret qui rêve, il faut l’avouer, de voir tomber cette serviette qu’un souffle d’air suffirait à mettre à terre. Mais la coquine tient bon jusqu’à ce que tu disparaisses ne me laissant que des frissons.
Seul dans mon lit, une heure à peine après cette vision suprême, mon sang bouillonne encore si fort pour toi que je ne peux lutter contre l’émoi. À travers la nuit, à travers les murs, je sais la porte, la cour, la vitre, là, tout près, juste en bas et j’imagine traverser la rue.
Hélas, s’enfuit le temps sous ma fenêtre, j’ai brûlé ma dernière cigarette, mais un soir tu me manquas. Un soir tu ne vins pas. Le lendemain non plus. Quel tour me joues-tu là ? Aurais-tu disparu ? Assis ...