Hélène de Crète - 1
Datte: 14/08/2018,
Catégories:
fh,
hagé,
fagée,
inconnu,
vacances,
amour,
revede,
Humour
Auteur: Tylodine, Source: Revebebe
... m’abandonne à vous… enfin pour la ballade, pouffe-t-elle.
Là, elle m’en bouche un coin ! Elle est belle, elle a de l’humour…« Aïe, Hervé, mon garçon, garde le contrôle. »
— Alors c’est parti, vous avez fait le bon choix, je suis le premier guide créto-breton bientôt agréé par l’Office de Tourisme de Chania !
Je vais vous confier un secret (de polichinelle !) : les mecs, on n’est vraiment pas conçus pour être solitaires et autonomes. On frime, on plastronne et en un tour de main la première jolie fille ou femme, sans rien faire, sans même apparemment sembler en être consciente, vous entortille et, comme le dit si bien Brassens, vous prend par le bout du cœur.
Autour de nous défile le paysage crétois, oliviers à perte de vue, avec la montagne aux sommets encore un peu enneigés (nous sommes en mai) en arrière-plan.
Plus bas, au-delà de Chania, les eaux turquoise du golfe de Souda et, un peu voilée par la brume de chaleur, la presqu’île d’Akrotiri où se trouve l’aéroport.
La Canée, j’aime ce nom un tantinet moyenâgeux, est l’ancienne capitale de la Crète. C’est une ville attachante, à l’architecture foisonnante, mélange de culture antique, minoenne d’abord, dorienne ensuite, grecque bien sûr, mais aussi romaine, vénitienne, ottomane.
Un vrai casse-tête pour les archéologues qui ne peuvent accéder aux vestiges les plus anciens qu’en détruisant les plus récents…
Je garde de ces quelques heures un souvenir presque irréel, Hélène s’est révélée une compagne ...
... aussi attachante que cultivée, j’ai vite compris qu’elle avait dévoré des montagnes de documents sur le pays au point que je me suis parfois fait prendre en défaut sur des points de détail historiques !
Un comble ! On en a ri comme des gosses et lorsque je l’ai amenée chez Cronos, le grand pâtissier du centre-ville, j’ai cru qu’elle allait tomber en pâmoison devant l’étalage de friandises, de gâteaux brillants de sucre, dégoulinants de miel…
J’ai oublié à quel moment nous en sommes venus au tutoiement, mais ce fut si naturel…
Installés à une terrasse de l’immense port vénitien, nous avons dévoré nos achats, une bouteille d’ouzo avec « Ena bocca di nero pagomeno* » pour faire descendre le tout.
Pour ma part, je me serais bien contenté de dévorer Hélène des yeux, mais mieux vaut tenir que courir, et les kandaifis, les « profiteroles » ne m’avaient jamais semblé aussi bons qu’en cette journée.
— Merci, Hervé, merci pour cette ballade formidable, me dit-elle en posant sa main, un peu collante, sur la mienne. Je n’avais pas été aussi heureuse et insouciante depuis longtemps.
D’un seul coup, un nuage de tristesse sembla voiler ses yeux bleus ; je me remémorais l’altercation qui avait attiré mon attention. Je n’osais aborder le sujet, après tout, ce n’était pas vraiment mon affaire, de quel droit me serai-je immiscé dans leur vie privée.
Comme si elle avait lu en moi, ce fut elle qui se jeta à l’eau, ce que j’attendais et redoutais à la fois.
— Je ne voudrais ...