1. Hélène de Crète - 1


    Datte: 14/08/2018, Catégories: fh, hagé, fagée, inconnu, vacances, amour, revede, Humour Auteur: Tylodine, Source: Revebebe

    Quinze heures viennent de sonner à l’horloge de l’église de la Sainte-Croix… Sur les hauteurs qui dominent Chania, La Canée pour les francophones, le petit village d’Alikianos somnole.
    
    Confortablement installé sur la terrasse ombragée de la grande et pittoresque maison que je loue en Crète depuis deux ans, je relis, un peu distraitementLe Bateau fabuleux, un des romans de Philip José Farmer que j’ai trouvé, et en français, chez un des rares bouquinistes d’Héraklion, la capitale.
    
    Il fait chaud, mais une légère brise descendue des proches montagnes, le mont Volakias n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres, se faufile à travers les oliviers omniprésents pour tempérer les effets du soleil.
    
    Le ciel est d’un bleu limpide qui se confond à l’horizon avec l’azur foncé de la Méditerranée.
    
    La musique magique de Debussy –Arabesques – sous les doigts délicats de Brigitte Engerer, me transporte dans un ailleurs improbable, parfumé de ciste, de romarin et du fumet particulier qui accompagne le retsina bien frais que je déguste à petites gorgées… le paradis !
    
    — Mais ma pauvre fille, tu ne vois pas que tu es conne ?
    
    Boum ! D’un seul coup me voilà redescendu sur terre… malgré mes écouteurs, la phrase a sonné comme un coup de canon dans la quiétude de l’après-midi…
    
    De la maison voisine s’échappe l’écho d’une discussion orageuse… Un couple, francophone de surcroît, vient de détruire ma paix… La barbe ! Qu’ils aillent se plumer ailleurs !
    
    Perdu pour perdu, je risque ...
    ... quand même une oreille… et un œil en direction du lieu présumé de l’algarade.
    
    À peine vingt mètres me séparent d’une petite maison de plain-pied où je distingue une silhouette féminine appuyée à un pilier de la véranda.
    
    La silhouette me semble agréable, peut-être un peu mince, cheveux mi-longs, mais à cette distance, difficile d’en savoir davantage…
    
    — Tu me fais suer avec tes vieilles pierres, pas question d’aller bouffer de la poussière en plein cagnard. Si tu veux y aller, ne te gêne pas, l’arrêt du bus est à 400 mètres !
    
    L’homme est invisible dans la chambre, mais la voix est avinée, hargneuse et semble celle d’un individu d’une cinquantaine d’années.
    
    La femme semble tout d’abord indécise, puis saisit un petit sac de toile, se coiffe d’un chapeau et sort de la villa en claquant derrière elle le portillon de bois.
    
    « Tiens ? me dis-je.Voilà peut-être une occasion de sortir un peu de ma torpeur vespérale et de faire une rencontre, qui sait, intéressante. En plus j’ai des courses à faire à Chania, pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ? »
    
    Je viens de fêter (?) mes soixante ans, capitaine au long cours en retraite et veuf depuis quelques années. Mes deux filles sont adultes et indépendantes et je me sens en pleine forme… pourquoi refuser l’aventure lorsqu’elle frappe à votre porte !
    
    Je prends mon vieux chapeau de toile, mon sac à dos et me dirige vers le jardinet où ma vieille deudeuche sommeille à l’ombre d’un olivier.
    
    — Allez, ma belle Rosalie, ...
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