1. Mémoires vives


    Datte: 19/03/2022, Catégories: fh, ff, fplusag, inconnu, noculotte, vidéox, confession, nostalgie, Humour Auteur: radagast, Source: Revebebe

    ... qu’un seul verre, nous étions déjà sérieux, il nous fallait reprendre la voiture. Mais nous ne consommions pas de la pisse d’âne, nous buvions une bière produite par un petit brasseur du coin.
    
    Le bistrot deL’Épervier, un joli estaminet niché au cœur de la forêt, près de laMare à Goriaux.
    
    Au bout d’une semaine, nous étions considérés comme des habitués par les habitués du cru. Nous avions notre table attitrée et nous n’avions pas à commander, les bières arrivaient de suite devant nous.
    
    Le patron était un ventripotent quinquagénaire dégarni et grisonnant à grande gueule, qui exerça la profession de chauffeur routier, mais un malencontreux accident lui fit perdre son travail et son permis. Il faut dire que son système sanguin tenait plus de la distillerie que de la cardiologie.
    
    Ce personnage ne vivait point seul. Il avait comme compagne une jolie brune d’une trentaine d’années au visage en forme de cœur. Longs cheveux noués en un chignon vaporeux toujours retenu par une pince en argent, de belles lèvres pulpeuses, petit nez retroussé, les yeux en amandes, elle tenait plus de la chatte alors que son Jules s’apparentait à un pit-bull.
    
    Lorsque la belle Marion nous amenait nos cervoises, elle me gratifiait toujours d’un sourire plus appuyé. Comme disait Bébert, un de mes compagnons de travail :
    
    — T’as un ticket avec la patronne !
    — Mais non, tu te fais des idées.
    
    Il fallait dire qu’elle n’avait que quelques années de plus que moi, que nous étions les deux seuls ...
    ... « jeunes » de l’assemblée.
    
    Parfois mes collègues me laissaient, chez eux les attendaient femmes et enfants, et ne pouvaient m’accompagner àL’Épervier. Bien que seul, je m’arrêtais quand même au Bistrot, personne ne m’attendait chez moi.
    
    Ces jours-là, la belle Marion m’accueillait avec un grand sourire pour adoucir ma solitude tandis que le gros Bébert déjà bien embrumé se gaussait des futurs fonctionnaires.
    
    Elle se vêtait presque toujours de la même façon, très simplement. Une jupe courte en jean ou en tissus plus légers, ainsi que de chemisiers pratiquement tous coupés à l’identique. Manches mi-longues, cols en V au décolleté profond sagement clos par un laçage astucieux.
    
    Desaccrocs de la mode auraient insinué qu’elle n’avait guère d’imagination ni d’inspiration. Certes, mais elle contournait l’obstacle en variant les couleurs. Toujours la même forme, mais une teinte différente chaque jour, elle devait posséder un stock inépuisable de chemisiers et jupes de milliers de couleurs, unis ou fleuris, illuminant ainsi de sa présence le petit troquet.
    
    Chaque fois qu’elle m’apportait mon breuvage, elle me faisait un grand sourire, plongeait son regard d’obsidienne dans le mien et me dévoilait ses dents blanches en un sourire mutin.
    
    Chaque fois qu’elle m’apportait ma cervoise, elle se penchait un peu plus que de raison, révélant au passage sa gorge et me laissant entrevoir les merveilles cachées sous son chemisier, deux petits seins aux tétons sombres, biens fermes ...
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