La Vie de Solange, ou les mémoires de la Comtesse de *** (11)
Datte: 19/03/2022,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Mir, Source: Xstory
Voyant la mélancolie me gagner durablement, ne sachant comment y remédier d’autant que je lui en cachais la cause réelle, Claudine finit par me conseiller timidement d’aller voir le prêtre. Devant mon expression stupéfaite, elle ajouta :
« Je sais, Madame, que pour les choses de l’esprit vous préférez aux sermons dit en chaire les livres de monsieur de Voltaire, mais un prêtre peut vous soulager. Ces gens-là savent soigner les maux de l’âme. »
J’acquiesçai, pensive. Voilà bien un homme qui pouvait me… soulager. Certes.
« Madame veut-elle que j’aille le trouver, pour qu’il vous entende en confession demain ? »
Madame voulait bien.
Ce soir-là, je me couchai sentant le même poids morne que les jours précédents m’oppresser. Claudine, joyeuse, pensait ma « mélancolie » résolue d’avance, mais je ne savais qu’attendre réellement de l’homme qui s’adonnait à d’étranges rituels et qui, par son indiscrétion, avait anéanti l’amour de mon cousin.
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Le lendemain, je me rendis dans la chapelle du domaine, où m’attendait le prêtre. Elle était, comme bien souvent, déserte. Mes pas résonnaient sous les vieilles voûtes, le son se perdant entre les colonnes m’évoquait une vie dont le contrôle m’échappait complètement depuis un mois. J’arrivai devant le confessionnal.
Il était là, bien sûr, dissimulé dans le grand meuble de bois chantourné. Une toux polie m’invita à prendre place. Je m’agenouillai donc et rabattis le rideau ...
... de velours permettant de me dissimuler à la vue d’éventuels fidèles qui viendraient prier en ces lieux. La confession… « relation intime entre la créature et son Créateur, dont l’homme d’Eglise n’est qu’un intermédiaire, acte sacré qui ne devrait avoir lieu que caché de tous », avait dit une fois ma mère, il y avait bien longtemps. Ce confessionnal lui aurait plu.
Dans la semi-obscurité, grâce au jour filtrant par les interstices du rideau, je distinguais la grille derrière laquelle attendait le prêtre. Par où commencer ? « Prenez-moi, mon père, car j’ai péché ? » Allais-je dégrafer mon corset et presser mes seins nus contre la grille, espérant qu’il les lèche et les morde à ma demande ? Allais-je le supplier de m’emplir, pour combler le vide qu’avait laissé mon cousin, comme il l’avait fait deux jours plus tôt ?
Perdue, je murmurai machinalement : « Pardonnez-moi, mon père, car j’ai péché. »
Brusquement, je perdis toute raison. Mon âme s’était alanguie plusieurs jours dans la tristesse, mais cette accusation, « j’ai péché », cette supplique, « pardonnez-moi », déchainèrent une rage inconnue.
J’avais péché. Comme tous et toutes. Et j’avais cruellement souffert. Comme personne, l’espérais-je pour le bien de mon prochain.
Ma voix se raffermit. J’avais tant à dire… tant mais si peu de voix, personne ne daignant écouter le cri d’une femme… si peu de voix, dans une chapelle où l’arrivée possible d’une personne du domaine me réduisait au murmure…
« Oui, mon père, ...