1. L'assistant (1)


    Datte: 03/03/2022, Catégories: Hétéro Auteur: ruth4442, Source: Xstory

    Je travaille pour elle depuis 12 ans. Elle, c’est cette avocate d’affaires, impitoyable et caractérielle, avec laquelle j’ai connu des hauts et des bas qu’une seule vie ne devrait pas suffire à vivre.
    
    Derrière ses airs de femme indomptable et à la main de fer, se cache une vraie fleur bleue incapable de vivre autrement qu’à travers les yeux d’un homme. Ce jugement pourrait vous paraître injuste ou hâtif, mais après tout ce que ma patronne m’a fait vivre et tout ce que je lui ai fait subir, je sais de quoi je parle.
    
    Les congés d’été se terminent. La peur m’envahit à l’idée de retourner au cabinet demain. Il faut dire que le soir de mon dernier jour de travail avant les vacances, nous nous sommes séparés dans des termes vraiment déchirants et réducteurs, humiliants pour chacun de nous. Nos cerveaux droits ont encore une fois pris le pas sur nos cerveaux gauches. Et comme toujours, les mots se sont envolés plus haut, bien plus haut que nos pensées. Tout ça parce qu’après 12 ans à lui dire que non, je ne travaillerai pas longtemps pour elle, alors qu’elle aimerait depuis toujours que je lui dise que je lui appartiens jusqu’à la fin de sa carrière, je lui ai encore une fois dit cette même chose : "Tu me donnes l’impression d’être restée bloquée au jour où tu m’as embauchée". Elle a vrillé, m’a traité de tous les noms, m’a rappelé mes échecs et a pensé qu’il suffirait de procéder ainsi pour me faire mal et gâcher mes vacances.
    
    Pourtant, si un peu de tristesse a bien ...
    ... traversé mon esprit, c’est surtout la résignation qui m’a gagnée. Encore une fois, alors que nous pourrions nous contenter de ne prendre que le meilleur dans notre relation de travail et cesser d’attendre l’impossible l’un de l’autre, nous avons encore flirté avec ce qui peut mener tout droit devant les Prud’hommes. Pour ne rien arranger, nous travaillons depuis toujours à 2 uniquement, si l’on excepte cette stagiaire qu’elle a recrutée pour les quelques semaines à venir. Bref. C’est fébrile que je me pointe au boulot ce matin.
    
    Fébrile, jusqu’à ce que je franchisse la porte d’entrée du cabinet...
    
    Je pousse donc la porte.
    
    Son bureau est ouvert, j’entends un peu de jazz en fond sonore. Elle aime commencer les journées très tôt et a récemment trouvé de quoi focaliser son attention sur l’essentiel, avec l’instauration quasi systématique de ce fond sonore tantôt plaisant, tantôt excessif, auquel j’ai fini par m’habituer. Je ferme la porte du cabinet derrière moi, mais j’aperçois juste avant de la claquer un écriteau qui n’était pas là avant mon départ. Il y est inscrit "Fermé, ouverture à 14 heures".
    
    Tiens donc Madame (Maître, pardon) aurait donc sanctuarisé ce jour de rentrée ? Je passe devant le bureau de la stagiaire, fermé, et me dirige vers le bureau de ma patronne.
    
    J’entre. Etrange, elle n’y est pas.
    
    Pour qui a donc été mise la musique ? Deux cafés fumants sont servis sur son bureau.
    
    Soudain, j’entends des pas de talon aiguille approcher d’un pas assuré depuis ...
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