Les coulisses du tournage - Histoires de Sexe

Les coulisses du tournage

... tout de suite.

Elle hoche la tête, souriante et dépitée.

— Je voudrais mieux te connaître avant, si tu le veux bien.

Elle acquiesce, prenant une nouvelle gorgée.

— J’aimerais savoir…(je prends des temps de pause en lui parlant, des points de suspension, pour la faire languir, pour qu’elle soit à l’affût, en attente) avec combien d’hommes as-tu fait l’amour ?
— Pourquoi tu veux savoir ça ?
— Pour mieux te connaître, voilà tout.

Elle rit un peu, gênée, détourne son regard du mien, cherche rapidement ce qu’elle peut fixer en bougeant la tête de gauche à droite, ne trouve rien, revient sur moi. Elle est belle, dans le clair-obscur des lumières urbaines.

— Je ne sais pas(elle penche la tête, hoche en suggérant la négation, elle sourit), six ou sept, je pense ?
— Raconte-moi.
— Quoi ?
— Raconte-moi tes aventures. Le premier gars qui t’a pénétré, c’était qui ?

Elle pouffe de rire, elle tente de se retenir et quand je prends la bouteille de mousseux et la soulève en disant :

— Viens reprendre des bulles.

Elle n’hésite pas, c’est sa porte de sortie. Je remplis son verre, elle est près de moi, elle semble vouloir se rapprocher, mais je lui fais signe du doigt de retourner à la rambarde. Elle me regarde, interloquée, et regagne l’extrémité de la terrasse, coupe à la main.

— Alors ?

Emma se replace dos à la rambarde de la terrasse, les coudes appuyés, la coupe dansante dans sa main.

— Bah, il s’appelait Raphaël, il était roux. Beau et très pâle. ...

... Ça n’a pas été très bien, nous n’étions pas à l’aise. Nous étions en camping, dans une tente, nous étions coincés, il faisait chaud.
— Tu as eu de meilleures expériences ?

Elle m’observe, un peu décontenancée que je lui pose ces questions. Je rigole en mon for intérieur.

— Oui.
— Comme quoi ?

Elle hausse les épaules, abandonnant toute résistance sur ces interrogations intimes, privées.

— J’ai été en couple un certain temps avec un Edward. C’était un anglophone noir…

Elle s’arrête, comme si l’interracial allait me choquer. Mais non, je suis Tunisien. Et je n’allais pas la questionner sur la grosseur du pénis de son partenaire.

— Et puis ?
— Eh bien… je sais pas… euh… j’ai joui avec lui. Oui. J’aimais faire l’amour avec lui, j’aimais le sucer aussi, j’aimais qu’il me lèche.

Moi, j’aimais qu’elle utilise les mots crus que je voulais qu’elle prononce. Je vais plus loin :

— Il t’a enculée ?

Elle redresse la tête, un petit sourire fermé aux lèvres, comme si le mot la faisait rire.

— Quoi ?
— Est-ce qu’il t’a enculée, Edward ?

J’accepte la non-compréhension, je répète en détachant les syllabes et ça sonne comme Es.. sse.. que… illl.. t’a.. en… cu… lée, Edward ?

Emma nie de la tête rapidement, ferme son visage en disant un :

— Non ! un peu dédaigneux.
— Est-ce dans tes fantasmes, la sodomie ?

Elle pouffe, un souffle lancé, elle se détourne de moi et regarde à nouveau la ville. Moi, c’est ses fesses que je regarde.

— Emma ?
— Oui ? ...