La trahison - Histoires de Sexe

La trahison

... poussé un hourrah à son arrivée. Stupéfait, il est resté immobile sur le pas de la porte. Le professeur de français a été obligé de le pousser afin de pouvoir entrer. Ce dernier, surpris par cette ambiance inhabituelle, a voulu en connaître la cause.

Alors dans un silence ponctué de petits rires, Laurent s’est avancé et a remis une feuille au prof. Ce dernier l’a lue, a souri, l’a relue.

— Je vois que l’un d’entre vous a rédigé un devoir, sur un sujet libre. Au point de vue orthographe, je reconnais qu’il y a un excellent travail. Mais en ce qui concerne le style, on croirait plutôt feuilleter un magazine de cœur. Il y a d’ailleurs de nombreux emprunts à ces journaux, si je ne me trompe pas. Toutefois, il faut toujours récompenser les efforts des élèves studieux. Je lui donne donc un 12. Mais je ne sais à qui l’attribuer.

Clément voit soudain la classe entière éclater de rire, et des doigts le désigner. Il avait très peur, d’après les remarques du professeur, de savoir de quoi il s’agissait, mais maintenant, il en a confirmation. C’était la lettre adressée à Claire. Elle l’a trahi, s’est moquée de lui.

— Eh bien Clément, vous qui n’arrivez jamais à dix, voilà une note qui remontera votre moyenne. Il serait bon que vous mettiez autant d’ardeur pour les autres devoirs. Bien messieurs, assez plaisanté, au travail.

Et le cours a repris.

Ah la salope, elle s’est bien foutue de moi. Que les autres m’ignorent, je le comprends, je ne suis pas brillant, timide ...

... avec les filles et nul en sport. Mais leur donner cette lettre, c’est la plus grande saloperie que l’on ne m’ait jamais faite.

A la sortie du cours, la bronca est terrible. Quelques uns ont une photocopie de sa lettre. Toutefois, certains se sentent gênés par cette plaisanterie plus que douteuse. Les plus virulents sont Pierre et sa sœur Géraldine. Clément n’a que le recours d’aller dans les WC pour échapper à cette mise à mort.

À midi, il a attendu que tout le monde soit sorti pour se lever de son banc. Le prof rangeait les copies et ses bouquins.

— Venez ici Clément, vos copains ont voulu vous ridiculiser. Ils n’ont pas réussi avec moi, vous êtes la victime d’un complot. Abandonnez l’idée d’amourettes dans le lycée. Vous êtes intelligent, consacrez plutôt votre temps à travailler. Bon maintenant je crois que vous pouvez sortir, ils sont partis.

Et le prof lui a touché la main. Il a quitté la classe toujours effondré. Mais il a tout de même trouvé quelqu’un qui a compris sa détresse et l’a soutenu. Il ne le décevra pas.

En sortant, immobile auprès du portail, Claire.

— Clément, je…
— Ah non, salope, ferme ta gueule.
— Mais Clément écoute…
— Non, je t’interdis de m’adresser la parole. Vas trouver d’autres types moins cons que moi. Je ne veux plus te voir.
— Clément…

Mais il était déjà parti rapidement, la tête basse.

L’après midi, quelques uns ont encore rit de lui. Mais ils ont cessé quand ils ont vu son regard intense, la crispation de son visage ...