Ô - Histoires de Sexe

Ô

... un peu plus, il demanda.

— Alors ton mari ne t’aide pas ?
— Pour sa défense, la semaine, il n’a guère le temps… et moi non plus d’ailleurs. C’est de la bouffe vite-fait et le week-end, il est souvent parti. Alors quand il est là, je lui fiche la paix.
— Si j’avais une femme comme toi, je ne la laisserais pas toute seule les week-ends. Ainsi parla le dragueur balourd, ricana Jeff.
— Tu n’es pas balourd, tu es trop gentil.

Le sourire qui accompagnait cette affirmation en disait long. Enfin, c’est du moins ainsi qu’il l’interpréta. La répulsion venait de prendre un uppercut et avait été projetée dans les cordes.

— Ça ne lui plaît pas, mais depuis plusieurs mois, ils ont un nouveau DRH, un jeunot qui ne jure que par les colloques, les symposiums, les séminaires, les sorties accrobranches et autres activités débiles censées renforcer l’esprit d’équipe. Tu le vois à son âge en train de jouer à Tarzan ?
— Ce doit être à la mode, car c’est un peu la même chose pour Mathilde et ils ne feraient pas ces rencontres sur leur temps de travail. Remarque avec mon boulot, j’ai aussi des horaires bizarres.

Et de lui expliquer son métier d’informaticien au service de la loi. Il dut réprimer son enthousiasme : non, il n’arrêtait pas les criminels avec son gros pistolet et non, il n’avait rien d’un Geek et encore moins d’un hacker. Il allait rarement sur le terrain travaillant la plupart du temps dans un bureau où il fouillait dans des bécanes et sur le net pour découvrir ce que ...

... tentaient de cacher des malfrats de tout poil. En tout cas, ce devait être plus intéressant que son job d’infirmière. Jacky lui avait assez reproché ces semaines où elle travaillait sept jours sur sept. Alors, elle n’avait rien à dire à ses week-ends de « travail ».

Le repas s’était agréablement passé. Ils venaient de finir une bouteille de Beaumes de Venise sur le fromage après avoir enterré celle d’Altesse. L’alcool déliait la langue de Madeleine et levait ses inhibitions (si elle n’en avait jamais eu).

— J’ai honte de ce que je vais dire, mais quand il est absent le samedi-dimanche au moins je suis tranquille. Déjà, ajouta-t-elle en touchant brièvement sa grosse paluche de ses longs doigts effilés, je ne suis pas obligé de subir ses assauts à la hussarde. La semaine, il me fiche la paix, mais le week-end, il lui faut sa dose. Et mon plaisir est le dernier de ses soucis. Je suis sûr que vous n’êtes pas ce genre d’homme. Mathilde a de la chance.

En prononçant ces paroles, elle posa à nouveau sa paume ouverte sur sa main et la laissa quelques longues secondes avant de la retirer. La répulsion était au sol et l’arbitre avait commencé à compter.

— Jacky vous honore encore…

Elle l’interrompit.

— Mais oui, malgré mon grand âge, il m’honore encore.
— C’est tout moi, Madeleine, j’ai la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.
— Mais « honorer » n’est pas le mot que j’emploierai. Il tire son coup, il me baise à la va-vite. D’un côté, ça m’arrange, ...