1. France Rurale 3


    Datte: 09/08/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: PassifChaud, Source: Hds

    A une heure assez tardive, plein de lui, un simple linge retenant toute sa substance, nous sommes descendus à la cuisine. Thérèse nous attendait avec un solide petit déjeuner préparé par ses soins. Avec un regard brillant, Pierre a déposé un baiser sur ses lèvres, le premier qu’elle acceptait depuis des mois. Quant à moi, je restais planté devant eux, avec un air gauche et coupable, n’osant m’approcher.
    
    Elle a rapidement vu ma gêne et m’a pris dans ses bras, me serrant très fort contre elle, les larmes coulant sur ses joues.
    
    « Merci Marc, Merci du bonheur que tu nous apportes, Merci de faire renaître cette joie dans nos cœurs que nous avions perdue depuis si longtemps »
    
    C’était tellement inattendu pour moi, toute cette situation extraordinaire, et extra-ordinaire, au sens étymologique du terme, impensable à cette époque des années 20, que mes sanglots ont couvert ses épaules, restant sans voix.
    
    Après nous être restaurés sous son regard bienveillant et attentif, enfin ses yeux, comme sa bouche, souriaient aussi, elle s’est adressée à Pierre.
    
    « Marc a besoin de son espace à lui… Avec les garçons, tu vas vite lui préparer sa chambre, celle que nous avions prévue pour l’accueillir. »
    
    « Tu as raison ma Chérie »
    
    « Mais tu sais, la petite pièce attenante, je veux que tu la transformes en salle de bains pour lui, et pour lui seul. Tu vas murer la porte donnant sur le couloir et pratiquer une ouverture dans sa pièce, pour qu’elle ne soit qu’à lui seul. »
    
    Le ...
    ... domaine était vaste, prospère, en leur possession depuis le début du Second Empire, lorsque le nobliau qui le possédait l’avait cédé au Grand-Père pour pas grand-chose. Ce baron de je ne sais quoi, préférait profiter des fastes parisiens de la Cour Impériale de Napoléon III et de son milieu affairiste, plutôt que de rester confiné au fin fond d’une terre de province. Pas de chance pour lui, ça ne lui avait pas trop réussi. Le Grand-Père, beaucoup plus doué et travailleur, avait repris peu à peu toutes ses terres, à la demande du Baron, ne lui laissant que le château familial, davantage par respect. La « noble » famille habitait toujours ce manoir délabré, imbue de son titre, mais n’y survivant toutefois que grâce à la générosité de la famille de Pierre depuis plusieurs années. Dans les années 20, un châtelain de campagne, conservait encore son prestige.
    
    Je ne saurais vous dire s’ils étaient riches ou simplement aisés. A cette époque, surtout dans le domaine rural, l’argent était tabou, comme il l’est encore actuellement chez la plupart des français, contrairement aux américains qui adorent exhiber leur richesse.
    
    Quoiqu’il en soit, Pierre m’a enfin conduit à la grange, où un énorme tas de foin était entreposé en vrac, me demandant d’en faire des bottes à l’aide d’espèces de grosses caisses en bois solide qu’il avait fabriquées et de cordes de chanvre à côté pour les serrer.
    
    Je me suis attelé à la tâche avec vigueur, muni d’une fourche, remplissant ces « sortes de moules ...
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