Vengeances - Histoires de Sexe

Vengeances

... qu’elle a sur la table d’un coup. Elle pousse un petit cri et prend un air de biche aux abois en murmurant, mais suffisamment fort pour être entendue :

— Oh, mon Dieu, mon mari va me tuer.

Elle se lève pour aller se réfugier dans un coin de la pièce, afin de se tamponner les yeux. Cela ne l’empêche pas de voir le vicomte se diriger vers elle. Pour un peu elle en sourirait. En arrivant à ses côtés, il pose une main rassurante sur son bras et l’entraîne hors de la pièce :

— Allons chère marquise, ne vous désolez pas. Je suis fort marri de voir de si beaux yeux se charger de larmes.
— Hélas, Monsieur de Montval, que va dire le marquis. Il ne sait pas que je suis venue jouer et en apprenant que de plus j’ai perdu. Il va me faire quitter la cour.
— Cela ne se peut, Monsieur de La Tour Duchêne ne peut priver Ressaville d’un de ses plus ornement, répond l’homme en pensant que ledit marquis serait mal placé pour reprocher à sa femme de jouer
— Il va être furieux. Il va m’exiler sur ses terres au fin fond de la campagne.
— Il ne ferait une chose pareille.
— Peut-être même me chasser.
— Il n’oserait.

Antoinette-Marie est bien de cet avis. Jamais son mari ne se risquerait à une telle chose, sa crainte de déplaire au Dauphin l’en dissuaderait. Mais cela, son interlocuteur l’ignore. Aussi enchaîne-t-elle en reniflant de plus belle, mais avec distinction cependant :

— Jamais je ne pourrais survivre à une telle honte.
— Ne dites point chose pareille.
— Ce serait ...

... également grand déshonneur pour ma famille. Je ne puis lui infliger ceci.
— Allons, Madame, Ce serait un crime que beauté telle que vous disparaisse.
— Ah, Monsieur le Vicomte, vous me flattez.
— Que nenni. Je suis prêt pour vous le prouver à compenser vos pertes.
— Vous feriez cela !
— Oui da.
— Vous me sauvez. Je suis votre obligée. Comment pourrais-je jamais vous remercier ?
— Ah belle marquise, vous demandez comment me remercier ! Mais en répondant aux soupirs de mon cœur.

Antoinette-Marie se retient de montrer son exultation. Monsieur de Montval est arrivé là où voulait qu’il vînt. Jusqu’à présent, elle trouvait agaçante et inconvenante sa manière insistante de tourner autour d’elle. Mais présentement cela sert son ressentiment. Bien sûr elle ne va pas céder trop rapidement. Elle va faire languir ce galant. Enfin point trop pour ne pas le décourager, si tant est que ce genre d’homme se décourage lorsqu’il sent une proie à sa portée. De fait elle le fait defronchier* affectant force pudeur et scrupules. Le vicomte n’hésite pas, pour arriver à ses fins, de révéler à la marquise un certain nombre de choses sur la conduite fort débauchée de son mari. Cela confirme non seulement certaines révélations de Luc, mais lui apprend nombre d’autres turpitudes. Bien que cela la conforte dans sa résolution, ce n’est qu’après quasi une heure de discussion et de raisonnement qu’elle consent à le suivre chez lui, où elle joue encore les effarouchées, jusqu’à ce qu’elle ait récupéré ...