Voitures et volatiles - Histoires de Sexe

Voitures et volatiles

... rendre ? me demanda-t-il tranquillement.
— À mon boulot ! Faut que j’aille bosser ! Pour gagner du fric ! Surtout que j’ai deux bouches de plus à nourrir, maintenant, et que je te rappelle que tu veux pas me donner un centime !
— Je t’ai dit que je te fournirai tout ce dont tu auras besoin.
— J’ai besoin de fric !
— Pourq…
— Et puis non, d’ailleurs ! Il y a aussi que j’aime mon boulot ! Je m’y épanouis, tu comprends, ça ? Et là tu pourras rien y faire !

Ah… là, je sentais que j’avais marqué un point. Il parut encore clignoter et pâlir, comme s’il réfléchissait. Il finit par reprendre sa teinte habituelle et me lâcha soudain :

— N’importe. Je t’accompagnerai quand même.
— Rrrrââââââaah ! Merde ! Bordel ! Tu me fais vraiment chier !

Je pouvais quand même pas me pointer avec lui au boulot… Une autre idée m’effleura :

— Peux-tu te rendre invisible ? Ou disons, transparent ?
— J’ai bien peur que non.

En soupirant, je m’effondrai sur une chaise. J’étais vaincu. Je voyais pas comment m’en sortir. Je repris le téléphone et rappelai le dernier numéro :

— Allô ? … Oui, c’est encore moi. … Je suis super désolé, mais j’ai un problème plus important que prévu. Je sais pas du tout quand je vais pouvoir arriver. … Non, je sais pas du tout. … Je suis désolé encore. Je vous rappelle dès que j’en sais plus. … Et je régulariserai ça dès que possible. … Merci.

Je me tournai vers Bazouk :

— Bon, ça y est ? T’es content ? Je vais nulle part, comme ça…
— Tu disais ...

... pourtant que cette sortie te permettrait de t’épanouir ?
— Mais où veux-tu que je m’épanouisse si tu te balades à mes côtés ? C’est pas tellement commun, ici, tu sais… Mais j’y pense, soudain : tu peux changer de forme ? ou de taille ?
— Non. Pas de manière convaincante.
— Ooooh, merde !

Je soupirai puissamment. Non, je renâclai, même… Cette saloperie de génie raté m’apportait bien plus d’emmerdes qu’autre chose. Mais je relativisai quelque peu lorsque mon regard tomba sur l’échancrure du peignoir d’Azura.

— Allons voir ta nouvelle voiture ! s’enchanta soudain Bazouk.
— Bah oui, soyons fous !

Il attendit que je me lève puis nous précéda, les filles et moi, jusqu’à la porte d’entrée. J’avais le ventre quelque peu noué à l’idée de ce que j’allais découvrir dans le jardin. Mais j’avais été pessimiste ; Bazouk remonta soudain nettement dans mon estime. Finalement, quand il s’agissait de choses sérieuses, comme les bagnoles ou les filles, il galérait terriblement mais il finissait tout de même par être efficace.

Ce qui était rectifié, quand même, c’était l’état de mon jardin… Sept ou huit grosses bagnoles y trônaient n’importe comment. Et à de nombreux autres endroits, le terrain était quasiment labouré. Quand il avait parlé de plusieurs essais, c’était pas pour rire. Je me pris à espérer qu’aucun voisin n’eut assisté à ses exploits.

J’étais sur le point de féliciter Bazouk lorsque je m’aperçus qu’une des voitures, vers le fond du jardin, était posée sur le toit. ...