Un homme heureux
Datte: 06/08/2018,
Catégories:
Collègues / Travail
amour,
Oral
fsodo,
Auteur: Bertrand D, Source: Revebebe
... recevoir les clients. Ici, c’est moi le patron, c’est à moi de décider.
— Mais c’est ainsi que nous travaillions avec Jacques.
— Oui, mais il ne reviendra pas, et maintenant c’est moi qui commande !
Je suis parti au boulot. Albert avait raison, c’est un con incompétent.
Le soir je vais voir Jacques. Je ne sais pas quelle tête j’ai, mais dès mon entrée, il comprend qu’il y a un problème.
— C’est ta santé, ton cas est grave, il va falloir te soigner sérieusement.
— Non, je te connais, c’est au garage que tu as des soucis.
Alors, je me soulage, lui raconte comment son gendre opère. Il n’était pas au courant, il est effondré. À ce moment-là, on frappe à la porte, c’est Isabelle. Un rapide coup de tête et je pars.
Le lendemain matin, le vieux monsieur vient voir où en est la réparation de sa voiture. Naturellement, rien n’a été fait, même pas le devis. Le client se met à hurler, prend son auto, part en jurant qu’il ne remettra plus les pieds dans cette boîte.
Grégory se dirige vers moi.
— Alors on est allé se plaindre ? Monsieur n’est pas content ? Vous n’avez qu’à partir.
— Si vous jugez que je ne suis pas capable ou si vous avez un autre motif de mécontentement, licenciez-moi, nous règlerons cela devant les prud’hommes. Mais le vrai patron m’a demandé de rester. Je reste.
Depuis, il ne m’ennuie plus. Il est incapable de faire un diagnostic. On répare au hasard, suivant ses ordres, les devis deviennent astronomiques, les délais jamais respectés. ...
... Naturellement nous avons de moins en moins de clients.
Presque tous les soirs, je vais voir Jacques. Il décline rapidement et je me doute que ce sont ses derniers jours. Nous ne parlons plus de la marche du garage. Il se confie à moi, comme si j’étais son fils. Quand sa fille arrive, je pars immédiatement.
Un matin, pour la première fois, elle descend dans l’atelier nous annoncer le décès de son père. Nous lui présentons nos condoléances. Deux jours plus tard, nous assistons aux obsèques.
Dès le lendemain, je vais lui présenter ma lettre de démission.
— Mais Bernard, tu es fou ! Tu ne trouveras plus jamais une place comme ici !
— Madame, j’ai déjà une offre d’emploi.
— Mais tu avais refusé de démissionner, à ce que m’a dit mon mari.
— Je ne voulais pas quitter ma place, cela aurait fait trop de mal à votre père. Mais maintenant, je suis libéré. Je lui suis resté fidèle jusqu’au bout. Le premier octobre je pars.
Je suis redescendu à l’atelier. Dix minutes plus tard, Grégory est venu me voir.
— Ma femme m’a dit que vous vouliez nous quitter. Mais nous allons vous augmenter et vous confier l’atelier.
— Je n’ai plus rien à faire ici. Je suis toujours fidèle que ce soit à mon patron ou à ma femme. L’un et l’autre m’ont quitté, je suis libre.
Il part tout penaud. Je suis tranquille. Devinant comment aller se terminer la situation, j’ai déjà appelé mon copain, Robert, lui aussi pupille de l’assistance. Il est dans une ville à une trentaine de kilomètres. Nous ...