1. On lit au lit


    Datte: 06/08/2018, Catégories: fh, jardin, amour, Voyeur / Exhib / Nudisme Humour Auteur: Samuel, Source: Revebebe

    ... peu. Quand nous avons terminé, elle remonte négligemment son jogging et met la télé. Parfois, je me dis que ce pourrait être quelqu’un d’autre que moi, elle ne s’en apercevrait même pas. Il faudra que j’essaye un jour discrètement avec mon frère.
    
    Le lendemain, je suis retourné voir celle qui lisait toute nue. Elle ne lisait plus et elle était habillée. Il me semblait aussi que ce n’était pas elle. J’ai continué ma promenade dans le grand parc. J’ai demandé gentiment, mais en vain. Soit la fille ne voulait pas lire, soit elle ne voulait pas se mettre nue. Ou alors, il fallait payer. Mais au prix où sont les livres aujourd’hui… Un garçon aurait bien accepté, mais je ne lui ai rien demandé à celui-là. Il avait entendu que je demandais qu’on lise nu. Je pressentais l’exhibitionniste. Il voulait lire le guide du routard consacré à Ibiza. On était un peu trop loin de Proust.
    
    Je suis rentré chez moi déprimé, pour constater que Maryse était nue. Quelle surprise ! Je lui demande des nouvelles de son jogging ; elle me répond :
    
    — Je n’en ai plus de sale.
    
    Et voilà qu’elle va dans la chambre, qu’elle se plonge dans notre literie neuve et dans Rimbaud. Une vibrante émotion de la voir ainsi si excitante le livre à la main, les seins à peine couverts de la chevelure blonde et le pubis dégagé de tout élastique synthétique. Mais en même temps, comment déranger quelqu’un qui lit Rimbaud ? Il faudrait tout de même une sacrée audace. Je n’arrivais même plus à la voir nue ; elle ...
    ... était habillée de poésie. À ce moment-là, on sonne à la porte. C’est un ami qui vient m’apporter des nouvelles d’un autre ami qui est définitivement fâché avec un ami commun. Il est vraiment désolé, mais il n’a rien pu faire pour calmer la querelle. Il me raconte la soirée orageuse, les insultes et les claquements de porte. Je lui propose une bière et c’est alors que Maryse, le livre à la main et rien sur le dos, passe en disant :
    
    — J’en prendrais bien une aussi…
    
    Elle prend une bouteille et retourne dans la chambre tout en continuant à réciter. Mon ami est estomaqué, moi un peu aussi. Il me demande si nous sommes naturistes, je lui dis que non, seulement on aime la lecture.
    
    — D’accord, me dit-il, mais à ce point-là… Comment fait-elle pour être si belle en n’étant habillée que d’un livre ?
    — C’est qu’elle lit Rimbaud, expliqué-je.
    
    Il est tellement décontenancé qu’il ne boit même pas sa bière et qu’il regagne la porte. Je lui demande, pour changer de sujet, pourquoi nos amis se sont fâchés si brutalement. Il me répond que c’est à cause du Grand Meaulnes, l’un trouvait que c’était surestimé et l’autre lui a envoyé le contenu de son verre à la figure de la part d’Alain-Fournier.
    
    Depuis que Maryse lit de la poésie, nous ne faisons plus l’amour. Mais peu importe. D’ailleurs, comme dit Germain Nouveau, tout fait l’amour :
    
    C’est le dernier poème qu’elle a dégotté. Et elle me dit :
    
    — On va suivre ce programme à la lettre, jour après jour. On commencera par « le pas ...