Cet homme - Histoires de Sexe

Cet homme

... le ton des répliques, il me ferait peut-être un peu moins passer pour une hystérique, et lui pour un obsédé.

— Encore pardon. Décidément, ça fait beaucoup d’excuses en 5 minutes et pour une première fois ^^
— Ce n’est pas grave.
— J’aime votre honnêteté quant à vos fantasmes.
— Je suis comme ça parce que tu l’es aussi sur les tiens.
— Vous faites quoi dans la vie ?
— Je suis consultant informatique. Et toi ?
— Fac de droit. Vous avez eu beaucoup de soumises ?
— Tu es curieuse.
— Vous préférez que je vous demande l’âge de votre 1ère fellation ? =D
— Ok, je vais te répondre. Je n’ai pas eu « beaucoup » d’aventures au sens où tu l’entends, mais je n’en ai pas eu deux non plus. Je n’ai pas compté d’ailleurs.
— D’accord…
— Tu as des gros seins ?
— Je suis censée répondre là, comme ça ?
— Tu fais comme tu veux. J’aime beaucoup les gros seins.

Ça tombe bien, j’en ai une bonne paire. Mais il est hors de question que je lui cède tous ses petits caprices qui me semblent un peu trop pervers. Je me demande s’il aborde les filles dans la rue avec le même genre de discours : « Bonjour, vous êtes rasée mademoiselle ? Non ? J’aurais parié le contraire ». Vive les joies de la franchise des messageries instantanées.

— Je vous trouve très… spontané.
— Je te l’ai dit, je suis comme ça. Très pervers aussi. Mais ça tu l’as remarqué.
— Écoutez, il est un peu tard et j’ai cours demain. On se reparle une autre fois ?
— C’est d’accord. Bonne nuit.
— Bonne nuit.

Quand je ...

... me déconnecte, il est 23 h, le gus ne doit pas être dupe. Mais je ne compte pas recontacter ce type. Je ne sais même pas son prénom.

Une semaine passe et arrive le week-end. Un samedi soir de finale de match où aucun de mes amis n’est disponible pour faire un tour dehors. Je viens de terminer un bouquin et la dernière saison deSix Feet Under. En résumé, je m’ennuie, je m’ennuie et je m’ennuie. Je décide d’aller faire un petit tour sur adopteunmaitre pour ouvrir mes messages et découvrir avec étonnement qu’il n’y en a aucun de Monsieur L’Impitoyable. La première impression que j’ai laissée était-elle si mauvaise que ça ? Même si c’est moi qui suis partie comme une malpropre, je suis vexée devant son mutisme. Je remarque qu’il est connecté d’ailleurs. C’est soit lui, soit les cinq derniers jours de vaisselle à faire.

— Vous n’êtes pas devant le match ?
— Je n’ai pas la télé.
— Vous me faites marcher !
— Non. J’ai un rétroprojecteur pour me passer les bons films mais pas la télé. J’écoute les infos à la radio.
— Ça alors. C’est rare ! Mais je vous comprends tout à fait. Parfois je me surprends avec un filet de bave au coin des lèvres et des yeux délavés fixant une série à la noix. Je me dis que plus jamais je ne perdrai mon temps devant un tel massacre culturel et je réitère la semaine suivante. Pitoyable, non ?
— On a tous un côté sombre.
— Et quel est le vôtre ?
— J’aime les gros seins.
— Haha, oui, j’avais saisi. Vous êtes du genre radoteur en fait.
— Oui, c’est ...