1. Erotisme et poésie (9) : Marguerite Burnat-Provins « Laisse-moi crier »


    Datte: 30/09/2021, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... qu’écrivait, au sujet de Marguerite, Robert Sabatier (1923-2012), dans son « Histoire de la poésie française » (Albin Michel, 9 volumes édités entre 1975 et 1982).
    
    Il ajouta : « un sexe sans honte, dans la splendeur de l’amour partagé »
    
    Quant à lui, dans son « Anthologie », Pierre Perret écrit : « elle n’en n’est point rassasiée et elle n’a pas honte de le crier. »
    
    Inspirée par la guerre, mais aussi par les tourments intimes et universels, cette « scandaleuse » entre en résonance, en particulier avec Colette, au sujet de laquelle je renvoie à la publication que je lui ai consacrée sur HDS, publié le 15 janvier 2020 : « Histoire des libertines (53) : Colette, romancière et scandaleuse. »
    
    Marguerite Burnat-Provins vit sans peur du scandale. Marguerite rappelle en effet Colette, une autre scandaleuse. Elle aussi écrit des livres, des poèmes en prose, des chroniques dans la presse. Toutes deux sont hypermodernes, ont une vie très remplie et font ce qu’elles ont à faire en dépit de l’interdiction que voudrait leur imposer une époque masculine qui écarte celles qui sortent du rang, Comme Colette, Marguerite Burnat-Provins, alors qu’elle est encore mariée, affirme au vu et au su de tous son amour interdit pour son jeune amant. Comme Colette, on la dit dévergondée, folle, homosexuelle.
    
    Ballottée d’un pays à l’autre, c’est à force de dépaysement, en quittant tout pour une autre vie, que Marguerite Burnat-Provins s’est construite et révélée, en tournant le dos à la ...
    ... norme confortable mais étouffante pour tracer sa propre route.
    
    Place maintenant à la poésie ! Comme le dit Françoise Chandernagor : « quand les femmes parlent d’amour »
    
    Comme Marguerite, dans l’extase, j’aime dire à mes amants « laisse-moi crier » !
    
    LE POEME
    
    Laisse-moi crier
    
    Laisse-moi crier : Encore ! Encore !
    
    Je ne suis pas la sœur de ces femmes aux yeux glacés
    
    Qui se taisent.
    
    Je tends mes mains impérieuses pour tordre et pour broyer,
    
    La bouche vorace pour goûter aux essences enivrantes…
    
    Je darde mes prunelles volontaires sur la vie, sur l’amour et,
    
    Sur toi, je jette mon désir comme le pêcheur, dans la rivière,
    
    Lance le circulaire épervier.
    
    Jamais je ne serai rassasiée de ta chair lumineuse.
    
    Ne me dis rien. Etends les bras.
    
    Laisse-moi crier.
    
    Je dirai l’emprise de tes mains longues
    
    Qui font à ma taille une ceinture frémissante,
    
    Je dirai ton regard volontaire
    
    Qui anéantit ma pensée,
    
    Ta poitrine battante soudée à ma poitrine
    
    Et tes jambes aussi fermes que le tronc de l’érable
    
    Où les miennes s’enroulent,
    
    Comme les jeux onduleux des houblons …
    
    ***
    
    REFERENCES
    
    Je recommande également la lecture du livre de Françoise Chandernagor : « Quand les femmes parlent d’amour. Une anthologie de la poésie féminine (Editions du Cherche midi, 2016)
    
    Outre les références générales déjà indiquées dans « Erotisme et poésie (1) », publié le 17 décembre 2019, je renvoie à l’article de Wikipédia sur Marguerite Burnat-Provins, ...