Erotisme et poésie (9) : Marguerite Burnat-Provins « Laisse-moi crier »
Datte: 30/09/2021,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Olga T, Source: Hds
... pas d'un bon œil son indépendance et son besoin de nouveauté culturelle. Très vite, elle casse les codes de ce milieu bourgeois : elle ouvre un commerce d’objets d’art décoratif, réalise des affiches pour la Fête des Vignerons, polémique dans les journaux, prend position pour les droits des femmes.
Parallèlement, elle dessine et peint. Elle fait la connaissance du peintre valaisan Ernest Biéler et, comme lui, produit des œuvres sur la ruralité et la culture populaire. Sa belle-famille, là encore, réprouve.
Dans une lettre à Francis Jammes daté du 5 mai 1905, l’écrivain André Gide (1869-1951) parle de l'artiste et de son atelier : « Une extraordinaire créature [...] ; elle a l'air d'une créole et de vivre sous un cocotier, et elle est flamande. Elle vit complètement seule, à Vevey, dans un merveilleux atelier qu'elle s'est fait construire par son mari. »
En 1906, elle rencontre Paul de Kalbermatten, un jeune ingénieur valaisan, de dix ans son cadet, avec qui elle entretient une liaison passionnée. Elle divorce finalement d’Adolphe Burnat en 1908 pour se remarier avec Paul en 1910 : sa relation tendue avec son entourage se mue alors en rejet absolu.
SCANDALEUSE PARMI LES SCANDALEUSES
Marguerite va choquer quand, dans ses poésies, elle fait étalage de ses émois érotiques dans des textes flamboyants, réunis dans le « Livre pour toi », cent poèmes destinés à son nouvel amour et bientôt nouveau mari, l'ingénieur Paul de Kalbermatten.
La tonalité érotique et ...
... passionnée de sa poésie scandalisa en effet les lecteurs du début du 20ème siècle.
Avec son deuxième mari, elle passe deux ans en Égypte, puis accompagne Paul dans ses voyages professionnels, qui les emmènent au Moyen-Orient, en Amérique du Sud mais surtout au Maroc, où elle passera plusieurs hivers. Ce sera un temps son pays d'élection, qui animera ses rêveries exotiques. Ils finissent par s’installer, pour le travail de Paul, à Bayonne, dans le sud de la France.
Après sa séparation d’avec Paul, épris d’une autre femme, en 1925, elle continuera à voyager, seule. Elle connaît bien des demeures éphémères et voyage, en Syrie, au Liban en Afrique du Nord.
Puis elle se retire au Clos des Pins, à Grasse, où elle passe ses dernières années, ébranlée par la mort de sa sœur Marthe, puis de sa mère, par les monstrueuses retombées de la guerre et fragilisée par ses problèmes de santé. Elle mourut ignorée et oubliée et ne fut redécouverte que plus tard.
Son œuvre d'écrivaine est forte d'une vingtaine de volumes de proses poétiques, tandis que son œuvre de peintre comporte des tableaux de la vie rurale proches de ceux de l'école de Savièse en Valais (elle était une intime d'Ernest Biéler), des compositions décoratives.
À partir de 1914, elle réalisa une importante série de dessins étranges nés d'hallucinations récurrentes. Cette série, que Marguerite Provins nommait « Ma Ville », est riche de quelque 3000 dessins.
« AVEC ELLE, LE SEXE ENTRE EN POESIE »
C’est ce ...