1. Assassiné !


    Datte: 25/07/2018, Catégories: fh, piscine, amour, revede, intermast, nopéné, fantastiqu, Auteur: Cidoup, Source: Revebebe

    Baoum !
    
    Où suis-je ? Qu’est-ce qui m’arrive ? On dirait que je n’ai plus de sensations. La seule chose dont je me souvienne c’est un éclair suivi par un énorme choc dont je ressens encore le tremblement. Tout flotte autour de moi… Non, c’est moi qui flotte. C’est bizarre. Je ne distingue rien, tout est flou. J’ai l’impression de me dissoudre dans… dans quoi ? Je me faufile par plein de petits trous et glisse dans l’eau… Oui, c’est de l’eau, un peu chlorée même, qui m’enveloppe… Non, elle ne m’enveloppe pas, c’est moi qui en prends possession… Eh ! Qu’est-ce que je dis là ? Je rêve ce n’est pas possible !
    
    L’environnement se précise. Je suis dans une piscine. Non, ce n’est pas exact, je suis la piscine… C’est idiot ! Je ne peux pas être une piscine, je suis… Qu’est-ce que je suis ? Incapable de le dire. J’ai l’impression d’occuper tout l’espace. Je m’imprègne dans le carrelage qui tapisse le fond et les parois de la piscine, je suis l’eau, je suis le corps nu qui flotte les bras en croix, la tête éclatée… Plus pour longtemps : je quitte à toute vitesse cette chair encore tiède pour me fondre dans le liquide… Une mue…
    
    — Hiiii ! Bill !
    
    Plouf ! Quelque chose me rentre dedans, se love dans mon sein. C’est chaud, c’est doux. Un autre corps nu. Il me bouscule pour atteindre la chose inerte qui est encore un tout petit peu moi et que des mains retournent sur le dos.
    
    — Bill ! Qu’est-ce que tu as ? Réponds-moi ! Bill !
    
    Donc je m’appelle Bill, pourquoi pas ?
    
    — ...
    ... Sophie ! Que se passe-t-il ? Quel était ce bruit ? J’ai cru que c’était un coup de feu.
    
    Un quinquagénaire poivre et sel fait son apparition. Ses chaussures boueuses salissent les carreaux de ma bordure.
    
    — Papa ! Papa ! C’est Guillaume !
    — Quoi Guillaume ? Oh ! Sors de là, Sophie ! Ne le touche pas !
    — Mais, il faut le tirer hors de l’eau. Aide-moi papa.
    — Non, laisse-le là où il est. Il est mort, on ne peut plus rien pour lui.
    
    Ah bon ! Je suis mort. Ça explique tout… Ça n’explique rien du tout ! Comment puis-je me retrouver à la fois dans ce débris flottant, dans l’eau et dans les parois du bassin ? Oh ! Cette sensation ! Comme une caresse ! Le corps qui nageait en moi agrippe mes barreaux et s’extrait de l’eau. Je glisse dessus, les épaules, les seins, les cuisses, m’attardant sur les poils qui voilent le bas ventre…
    
    Eh ! Vite réintégrer la piscine si je veux rester entier ! Je me faufile dans les dernières gouttes qui tombent. Ouf ! Que serait devenue cette partie de moi si elle était restée prisonnière du tissu éponge que l’homme tend à Sophie ?
    
    — Viens, ma fille. Allons prévenir la police.
    — Mais Guillaume…
    — Laisse-le, il ne risque plus rien le pauvre garçon…
    
    oooOOOooo
    
    Les rides à ma surface s’estompent. Les chaussures qui me piétinaient disparaissent, emportant ce qui m’a servi d’enveloppe charnelle pendant vingt-deux années. Il est temps de faire le point sur ce que j’ai appris. Je suis un garçon appelé Guillaume… J’étais, puisque je suis mort. ...
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