Dentelle vert espoir - Histoires de Sexe

Dentelle vert espoir

... !

J’ai besoin de lui. Ses bras se resserrent autour de mes épaules, il esquisse un sourire à travers son masque d’inquiétude.

— Non, bien sûr que tu m’intéresses ! Et… j’ai envie de toi. Ce n’est pas ça le problème. Enfin si, c’est une partie du problème, parce que je ne sais pas si j’arriverais à te laisser me… pénétrer.

Rien que le mot me rende malade. Encore un mot qui m’étouffe, me serre le ventre, m’arrache la bouche chaque fois que je le prononce. Mais je sais que je dois appeler un chat un chat, ça fait partie de la thérapie.

— Mais c’est pas grave ! Il y a plein d’autres moyens de prendre du plaisir, tu sais, dit-il d’une voix mi-inquiète, mi-amusée.
— Oui, bien sûr je sais, mais…
— Mais rien du tout ! Il y a plein de raisons de ne pas le faire, il y a des filles qui veulent rester vierges jusqu’au mariage, d’autres qui ne veulent pas pendant leurs règles, etc. Une vie sexuelle ne se résume pas à ça ! Et ce n’était certainement pas une raison pour me repousser à bout de bras. Je pensais que tu ne me voyais que comme un ami, ajoute-t-il d’une voix plus basse, presque peinée.

J’ai l’impression d’être une écolière en cours d’éducation sexuelle. Je sais bien, intellectuellement, qu’il a raison, mais pourquoi, pourquoi je me sens si nulle, si inutile ? N’importe quelle idiote est capable de ça, alors pourquoi pas moi ?

— Je suis désolée, vraiment désolée, je ne voulais pas te blesser. Et je sais qu’il y en a d’autres qui ne le font pas, mais pour ...

... elles c’est un choix. Et moi, je ne pourrais peut-être jamais. Pas juste cette fois, jamais, tu comprends ?

J’ai croassé encore.

— C’est un peu tôt pour dire « jamais », tu ne crois pas ? Et même si c’était le cas, tu devrais t’inquiéter pour toi, pas pour ton partenaire.
— Mais toi, tu pourrais ? Passer ta vie avec une fille comme ça ?
— Une fille comme toi, tu veux dire ?

Il m’embrasse sur le front.

— Oui, je pense. Tu sais, dans tous les couples les gens font des concessions. Certaines fois, ça signifie même faire une croix sur leur vie sexuelle. La pénétration n’est qu’une pratique parmi d’autres. Je ne dis pas que ce serait facile. Mais je pense que je serais prêt à ça, si c’est pour une femme que j’aime.

Cette fois il m’embrasse sur la bouche, lentement, doucement. Ce baiser a un goût salé, quelques larmes ont dû échapper à ma vigilance.

— En attendant, je te jure que je ne te forcerai à rien du tout. Et je ne veux pas que tu te forces pour moi non plus. Tu n’es pas obligée de rester dormir ce soir. Ou si tu préfères, tu peux rester sans qu’on fasse quoi que ce soit. C’est toi qui décides.
— Je veux rester. Je t’ai dit que j’en avais envie.

Et c’est vrai, malgré le supplice que je viens d’endurer pour réussir à prononcer ces quelques petites phrases, j’ai envie d’être nue dans ses bras. Ou plutôt à cause de ce supplice, c’est la seule consolation que j’entrevois. Et il a promis… J’ai envie de croire que je ne risque rien, qu’une nuit dans ses bras ...