1. Sans fin (1)


    Datte: 13/07/2018, Catégories: Hétéro Auteur: Lilidoo, Source: Xstory

    Les mains appuyées sur le lavabo, elle relève la tête pour s’observer dans le miroir.
    
    Ses yeux sont rougis par les larmes, ses joues sont peintes de son mascara qui coule dans les sillons de ses larmes.
    
    Chacune d’elle semble la brûler. Un peu plus à chaque nouvelle larme.
    
    Elle observe. La douleur est dans chaque recoin, la peine dans chaque millimètre de peau, l’usure dans chaque ride naissante.
    
    Il y avait bien longtemps que ce sentiment de vide, cette frayeur de vivre ne s’étaient pas emparés d’elle.
    
    Bien longtemps.
    
    Elle avait oublié. Tous ces démons… tous ses démons !
    
    Les flash-back reviennent...
    
    Les larmes aussi.
    
    Toutes ces nuits. Tous ces bras. Toutes ces douleurs.
    
    Une course à l’anesthésie de l’âme.
    
    Elle entend certains s’offusquer : affreuse ironie !
    
    Dépendance organique. Impétuosité de la douleur. Folie pure. Nymphomanie pathologique.
    
    Mais, non. C’est beaucoup plus simple.
    
    Le corps parle. Le corps exulte. Le corps évacue. Le corps fait taire l’esprit.
    
    Oui, voilà… Le corps fait taire l’esprit. Ressentir pour ne plus réfléchir.
    
    La douleur des émotions la bouffe. La grignote. La consume. La soumet.
    
    Elle voudrait hurler mais pas de son.
    
    Elle voudrait arracher cette peau qui l’étouffe.
    
    Elle voudrait courir à perdre haleine dans les rues sombres, dans les dédales.
    
    Pour aller où ?
    
    S’offrir corps et âme. Brûlée vive par le chagrin. Offrir son corps pour le sentir vivant.
    
    La morsure du dragon, le cuir qui ...
    ... claque, la main qui tanne...
    
    Tout ce qui la rebute l’obsède.
    
    Comme avant.
    
    Comme dans ces moments sombres de son histoire, de son passé.
    
    Revenir au point de départ. Souffrir dans sa chair pour faire taire l’âme.
    
    Comme si ces douleurs allaient créer un sursaut de vie en elle.
    
    Elle l’insoumise veut se soumettre à la douleur. Pour mieux s’offrir au plaisir.
    
    Elle supplie à qui l’entend, à qui le veut... A qui la veut.
    
    Le temps d’oublier, le temps de réveiller son corps.
    
    Le temps de savourer la vie.
    
    Vivre. Se sentir vivante.
    
    Elle supplie griffures, injures. Elle se rend, se constitue prisonnière.
    
    Elle s’abandonne à cette peine immense qui la ravage.
    
    Des bras l’attrapent, elle s’y jette à corps perdu...
    
    On la malmène, on croque sa chair.
    
    Un cri.
    
    Puis une caresse.
    
    Après chaque douleur une caresse, une douceur.
    
    Une douleur pour un mal puis une caresse pour son soin.
    
    Quand l’hématome de l’esprit se sera totalement vidé sur le corps, alors on pourra cajoler et caresser.
    
    Retour arrière. Flash-Back.
    
    Mémoire vive.
    
    Elle décroche son téléphone. Il répond.
    
    Elle arrive. Il l’attend.
    
    A corps perdu elle court.
    
    A corps perdu elle se jette dans la gueule du loup. Il a les crocs affutés.
    
    Il sait. Lui seul sait. Lui seul a toujours su.
    
    Et après tant d’années, c’est encore et toujours lui qu’elle va chercher.
    
    Il ouvre sa porte, il ouvre ses bras. Elle s’y engouffre.
    
    Elle s’y précipite, comme un insecte hypnotisé par la ...
«1234»