La P. . . . .
Datte: 11/07/2018,
Catégories:
h,
cérébral,
revede,
Masturbation
regrets,
attirautr,
Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe
Il passait tous les jours devant elle. Il prenait un immense plaisir à déchiffrer ses moindres détails ; derrière la vitre de la boutique, elle semblait l’observer du coin de l’œil. Ses longs cils recourbés, ses paupières un peu lourdes, ses lèvres pulpeuses maquillées rouge sang, sa robe moulante collée de si près, son corps de danseuse de tango, le velours pourpre dévoilant son dos jusqu’aux bas de ses reins, le léger dessin de sa colonne vertébrale, cette cascade de cheveux bouclés, bruns, ponctuaient l’albâtre de sa peau. Bon… la chose était sûre, elle était bien roulée, perchée sur de hauts talons, ses pieds fins cintrés d’escarpins vernis.
Elle le faisait rêver.
Il poursuivait sa route, l’abandonnait là, jusqu’au soir si la chance était avec lui, jusqu’au lendemain si tel était son destin. Il partait s’enfiler un rapide café au bar du coin ; son boulot quotidien, son train-train l’attendaient.
Il repassait le soir à la nuit tombée, parfois il l’apercevait dans la lumière des néons, surexposée… pas toujours, ses activités le mettaient parfois en retard sur son horaire, il la ratait de peu, de beaucoup, ça dépendait… il enrageait… il la voyait… un bonheur. Il rentrait chez lui des songes plein la tête. Elle meublait ses soirées solitaires avachi devant la télévision, un plateau repas et le rituel des bières qui défilent, des allées venues vers le réfrigérateur, le rythme syncopé, le battement de tambour des pas sur le parquet.
La soif qui anesthésie, qui ...
... transporte un peu ; pas d’excès, non, juste une petite bière, encore… et la lourdeur du sommeil qui gagne. Il s’endormait la plupart du temps, habillé déshabillé, ses pensées de cinglé pour seules compagnes. Les réveils en sursaut au son du bip bip tonitruant de la chanson brouillée de l’horloge-radio du salon… son minuscule appartement, salon chambre en un seul et même endroit, canapé-lit, réduction du mobilier pour un gain d’espace ou par flemme de choisir un autre aménagement, faire les magasins l’ennuyait au plus haut point. Comme quasi tous les matins, il se retrouvait le pantalon fripé, la chemise tirebouchonnée, le visage froissé, la cervelle broyée, il filait sous la douche. Une autre journée débutait.
Et puis, il allait la voir. Le matin, elle était toujours là, fidèle au rendez-vous, immanquablement, tous les jours de semaine sauf le week-end. D’ailleurs il ne sortait pas, inutile, pourquoi serait-il parti se balader sans chance de la croiser ? Il restait enfermé, son isolement était pesant mais que pouvait-il faire ? La ramener un jour, oui, ça il y songeait ardemment… obsession récurrente. Les autres l’avaient lassé, avec leur complication, leur désir vorace, leur envie tenace, leurs remontrances, les« ne fais pas ci, ne fais ça… non pas comme ça, tu t’y prends mal, tu me fais mal, ou trop de bien… » Enfin, ça n’allait jamais tout à fait comme il le fallait, elles lui prenaient toujours la tête à un moment donné. Il n’était jamais longtemps ce qu’elles avaient ...