1. Pan d'acier


    Datte: 07/07/2018, Catégories: fh, sf, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    ... catastrophe.
    
    Lorsque celle-ci s’abattit sur une humanité trop orgueilleuse pour se rendre compte de l’impasse dans laquelle elle s’était engagée, peu survécurent à l’apocalypse. Les radiations tuèrent la plupart de ceux qui avaient échappé au souffle des explosions thermonucléaires, et les maladies dues au stress et aux changements climatiques qui s’ensuivirent rattrapèrent les autres. Pour compléter le tableau, les survivants, incapables de surmonter l’épreuve, devinrent fous et se mirent à s’entretuer, perdant pour la plupart le peu d’humanité qu’il leur restait.
    
    Ce qui dans le monde d’avant était ma faiblesse devint subitement ma force : j’étais une marginale, et depuis longtemps j’avais appris la frugalité et la discrétion. Cela me préserva quelques années encore. Il y en eut quelques autres qui parvinrent à s’adapter tant bien que mal. Je m’accouplai avec l’un d’entre eux afin de commencer la lente reconstruction de la civilisation des hommes, qui, nous l’espérions, ne reproduiraient pas les erreurs du passé.
    
    Ce compagnon mourut aussi, son ADN endommagé par la radioactivité rémanente et la difficulté à trouver une eau qui ne fût pas contaminée.
    
    Une nouvelle fois seule et vagabonde, j’errais dans la nature, au milieu des ruines, dans une forêt qui reprenait ses droits. L’un après l’autre, de la même façon, les autres disparurent aussi. Y compris moi-même ; mais avant, je finis par croiser le chemin de Zimri, qui ne voulait plus qu’on l’appelle ainsi. Il avait ...
    ... troqué ses jambes d’acier pour des sabots en carbone, plus légers et plus résistants, ce qui lui permettait de courir plus vite que n’importe qui.
    
    C’était un nouveau dieu, pour une ère nouvelle, un nouveau printemps d’espérances, tournant résolument le dos aux folies guerrières et aux rêves mortels de domination.
    
    La Terre était contaminée d’une manière qui semblait incompatible avec la vie ; pourtant, ici et là, de nouvelles espèces de fleurs souriaient aux premiers rayons du soleil après le long hiver nucléaire. Lentement, les poussières soulevées par les bombes retombaient, la neige fondait et rejoignait les océans où les poissons des profondeurs, épargnés par la fureur des hommes à tout détruire, évoluaient pour conquérir les espaces terrestres devenus vierges.
    
    C’était très longtemps après ma mort, après celle de mes descendants, qui disparurent avant d’être parvenus à rebâtir ce que leurs ancêtres avaient détruit. Lui, l’homme devenu robot, le robot devenu immortel, équipé d’une source d’énergie secrète et inépuisable, continuait à courir à travers les landes et les forêts, à gravir les montagnes pour admirer les étendues immenses recouvertes d’une végétation qu’il aurait trouvée étrange quelques millions d’années auparavant.
    
    Il parlait à de charmantes créatures munies d’une peau plus ou moins mate suivant les régions, mais toujours très douce au toucher, de deux globes recouvrant leur poitrine destinés à alimenter leurs petits, de longues jambes capables de ...