1. Pan d'acier


    Datte: 07/07/2018, Catégories: fh, sf, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    Zimri m’accompagnait depuis le début de notre errance. D’année en année, mon compagnon était devenu une montagne d’acier, mi-homme mi-robot : au fur et à mesure qu’il vieillissait, il troquait ses organes et des parties de ses membres contre un métal aussi froid que résistant. Abolissant la douleur par la seule force de sa volonté, il était devenu capable d’opérer lui-même ces changements, s’amputant d’un os au profit d’une armature en alliage, d’un muscle au bénéfice d’un vérin à la force bien supérieure. Seul son cerveau n’avait, pour le moment, subi aucune transformation – mais c’était dans ses plans. Car il visait rien moins que l’immortalité, celle des objets entretenus régulièrement, dans laquelle aucune pièce n’est indispensable au point qu’elle ne puisse être changée en cas de défaillance, avec au besoin une redondance autorisant la tolérance aux pannes.
    
    Pour cela, il devait se tenir à l’écart des dangers que constituaient les missiles, les radiations qui fendillent les matériaux les mieux conçus, l’électricité statique, les éruptions stellaires, les sursauts gamma issus de lointaines hypernovae et autres flashs électromagnétiques qui grillent les circuits électroniques même lorsque ceux-ci sont durcis. Pour autant, il était devenu globalement moins fragile que les êtres de pure chair : il pouvait supporter le vide spatial sans combinaison, une plage de température allant du zéro absolu à celle de la fusion de ses armatures – environ deux mille degrés Celsius. Et ...
    ... il avait toujours un sexe.
    
    Ce n’était plus un pénis humain ordinaire. Entièrement recouvert de silicone, son nouvel organe mâle était aussi doux au toucher que parfaitement ferme en permanence. En temps normal, il le dissimulait derrière une plaque d’acier : c’était moi qui l’avais convaincu de le cacher lorsqu’il quittait notre tanière, car le robot qu’il était devenu n’en conservait pas moins une part humaine nécessitant un minimum de pudeur.
    
    Son sexe pouvait vibrer à volonté. En ce sens, Zimri était devenu un vibromasseur ambulant, pensant et capable de sentiments. Il éjaculait sur commande un liquide qui n’était pas du sperme et dont il avait conçu la formulation lui-même. De temps en temps, il faisait le plein par un orifice spécial situé au niveau du périnée, juste derrière les testicules. En tout cas, je n’avais besoin d’aucune contraception, et moyennant un bon nettoyage de ses parties intimes – ce dont il s’acquittait avec un soin tout particulier – je ne risquais aucune de ces maladies que transmettent les amants ordinaires.
    
    Éprouvait-il du plaisir au cours de l’acte sexuel ? Oui, il le disait. Mais ce qu’il ressentait devait être radicalement différent de mes sensations purement organiques. Une volupté mécanique, un orgasme presse-bouton, contentement d’un outil qui remontait jusqu’à son système nerveux encore biologique. Et il aimait cela, à un tel point que je me demandais s’il disait vrai lorsqu’il m’assurait rester fidèle ; il y avait des prostituées ...
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