1. Coopération


    Datte: 03/07/2018, Catégories: vacances, amour, Auteur: Bertrand D, Source: Revebebe

    La ville doit sa réputation à ses monuments romains. Les touristes s’extasient devant leur beauté, la visite s’effectuant sous un ciel généralement bleu et une température agréable. Mais il est un quartier qui n’est cité dans aucun guide touristique. Pourtant il date de la fin du dix-septième siècle, mais il n’est pas classé monument historique. À cette époque-là, c’était ce qu’il y avait de plus moderne : rues dessinant des rectangles réguliers. Chaque bâtiment haut d’un étage comportait une douzaine de logements rassemblés autour d’une cour. Et généralement il y avait un puits pour satisfaire les besoins des habitants.
    
    Mais, trois cents ans plus tard, en 1968, malgré une certaine modernisation, il est considéré comme « populaire » pour ne pas utiliser de termes plus offensants. L’électricité, l’eau courante sont certes installées, mais les logements ont mal vieilli : pas d’isolation, et il reste toujours des pièces sans fenêtres. Les rues ont été goudronnées mais n’ont pas pu être élargies.
    
    De ce fait, le quartier est habité par des familles modestes. Il y règne une atmosphère de village, tout le monde se connaît, s’apprécie ou se déteste. Les propriétaires des habitations – des bourgeois qui n’habitent pas là, naturellement – cherchent des locataires ayant un revenu suffisant et surtout garanti. Aussi ils apprécient les fonctionnaires ou assimilés. Et le dépôt des machines SNCF étant proche, les cheminots.
    
    Dans l’une de ces maisons l’ambiance entre les ...
    ... locataires est bonne ; ils sont presque tous cheminots. Pourtant, à certains moments, elle devient un peu tendue. Les horaires décalés des conducteurs, contrôleurs, agents en 3x8 génèrent quelquefois des conflits dus au bruit, dans la journée, empêchant les hommes fatigués de se reposer. Mais comment faire taire les enfants, surtout les nouveau-nés ?
    
    Et cette année il y a deux qui sont venus s’ajouter à la trentaine d’habitants. D’abord chez les Durand est né Jacques, le fils du chef de manœuvre travaillant en horaire décalé de jour et de nuit au triage, puis Carine, la fille du conducteur Martin à l’emploi du temps irrégulier. Les deux familles logent sur le même palier, les hommes exercent le même métier, une relation amicale existe. Mais quelquefois les pleurs des nouveau-nés dérangent leurs pères. Comment faire ? Alors, à tour de rôle, l’une des mères prend les deux bambins et va les promener.
    
    Les enfants ont grandi dans cette atmosphère tranquille. Tous deux se sont considérés comme frère et sœur, jouant ensemble dans la cour ou dans l’un des logements. Ensemble, ils ont intégré l’école primaire du quartier. Le contact avec les autres élèves les a un peu séparés ; mais en cas de dispute, ils étaient solidaires. Ils se sont retrouvés dans la même classe au collège, ont réussi leur brevet ensemble.
    
    La puberté arrivant, ils ont pris quelques distances. Ils se croisent toujours dans la maison, mais se sont trouvés séparés du fait de leur orientation, Jacques ayant choisi le ...
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