1. 0209 Le matin d’après.


    Datte: 26/06/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... peu prématuré.
    
    Certes, nous venons de vivre deux jours de magie pure : tout ce que j’ai toujours désiré de mon Jérém m’a été servi sur un plat d’argent. Mais nous avons vécu ces deux jours presque complètement isolés du monde extérieur, loin des regards qui jugent ; les seuls contacts que nous avons eus en dehors de la petite maison en pierre ont été fugaces, et personne n’a eu l’occasion ou l’idée de me questionner, ou simplement de parler avec moi.
    
    Lorsque je repense à son malaise lorsque ses copines Charlène et Martine avaient parlé de ce couple de gars de l’asso, je me dis que Jérém n’est pas vraiment prêt à tout assumer. Le fait que nous soyons potes, oui ; mais le fait que nous soyons également amants, peut-être pas. Je m’en veux de ne pas avoir creusé le sujet davantage dans la voiture, lorsque j’avais essayé de savoir s’il était au courant pour ce couple de gars de l’asso. J’aurais du lui demander quel regard il portait sur ce couple, sur le fait qu’ils osent s’afficher.
    
    Un cri de rapace retentit entre les pentes, la beauté du paysage évolue sans cesse avec la lumière changeante du matin, une petite rafale de vent froid traverse mes vêtements et me fait frémir : la montagne se charge d’arracher mon esprit de mes pensées et de le canaliser vers la contemplation de la nature indomptée.
    
    Je me sens tellement bien ici. Je pourrais passer des heures à contempler la vue, les sommets déjà enneigés, les pentes recouvertes de végétation, la pierre, le ciel, la ...
    ... petite maison, cette cheminée d’où s’échappe un filet de fumée.
    
    Et pourtant, deux choses m’empêchent de m’y attarder plus longtemps : le froid matinal, qui me fait grelotter, ainsi que l’envie de retrouver mon bobrun. Non, on ne se sent jamais seuls à la montagne : surtout lorsqu’on est en compagnie du gars qu’on aime. Et qu’est-ce que j’aime, ce Jérém ; qu’est-ce que j’aime le gars que mon Jérém devient, au contact de la montagne.
    
    J’attrape la brouette sous l’appentis et je me dirige vers le tas de bois dans un coin du jardin. Je dégage la bâche qui recouvre un tas de bûches rangé de façon plutôt méthodique. C’est la première fois que le citadin que je suis va chercher du bois pour faire du feu. Pendant que je remplis la brouette de bois, je me sens utile. Je trouve le moyen de me planter une écharde dans un doigt, ça fait un peu mal mais c’est supportable. Je gare la brouette à côté de la porte d’entrée, j’attrape quelques bûches dans mes bras et je rentre.
    
    Il fait tellement bon dedans. Le bogoss dort toujours, sa respiration apaisée diffuse dans la petite pièce une douce note de bonheur. Son torse, le galbe de ses épaules, les pecs saillants avec du beau poil brun, les abdos en tablettes de chocolat, dépassent désormais des draps jusqu’au nombril ; ses bras sont repliés, les mains coincées entre la tête et l’oreiller : et cette position qui met en tension tout un tas de muscles, rend encore plus impressionnant le V de son torse, ses biceps et ses tatouages, tout en ...
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