Lapin, Lapine - Histoires de Sexe

Lapin, Lapine

... l’enlace tendrement, leurs lèvres se rencontrent et s’étreignent et Lapin pour la première fois embrasse sans que de suite cela n’aille plus loin.

— Ma chérie, ma Renarde, mon Amour, je m’en veux de te faire attendre mais il me faut courir au village, pour tes yeux dorés je veux ramener un présent, le plus beau de tous les cadeaux ! Je serai rapide comme le vent, tu n’auras pas le temps d’y penser que je serai de retour dans tes bras.

Un bisou, un autre, et le voilà bondissant comme un beau diable jusqu’à la Fête qui entretemps bat son plein. Pas de Lapine en vue, mais qu’il la voie tant qu’on veut, rien ne le détournera. Il n’y a pas foule au jeu du tir au chasseur, tant mieux car Lapin a à faire. Le Premier Prix, le plus grand, le plus fabuleux, tout en haut du rayon, voilà qui est pour sa Douce. Un, deux, trois et quatre chasseurs, pan, pan et panpan, le forain en est baba mais Lapin n’a pas le temps. Il s’empare du trophée et détale prestement.

La petite Renarde bondit et jappe de joie de le voir revenir mais elle aperçoit le cadeau et la stupeur dans ses yeux fait stopper net Lapin.

— Mais qu’est-ce donc, mon beau Prince, que me ramènes-tu là ?
— Comment donc, ma bien-aimée, comment donc ? Mais c’est la plus belle, la plus grande, la plus succulente de toutes les carottes de mon pays ! Il en est, et non des moindres, qui vendraient frères et sœurs pour pouvoir n’en croquer qu’un bout !
— Oh, mon brave Lapin, que mon cœur m’en soit témoin, tu es mon plus ...

... cher trésor ! Mais, vois-tu, je suis une renarde, ma foi, et les carottes, qu’y puis-je ? ne sont pas à mon goût…

Un air désolé gagne la petite alors que Lapin, bouleversé et confus, lui présente ses plates excuses. Mais la renarde se reprend et à nouveau joviale, lui fait alors cette annonce :

— Allons, allons, mon doux chéri, ne sois pas triste, tu ne pouvais savoir ! Il ne sera pas dit, foi de Renarde, que le plus bel amour qu’ait connu cette forêt ici et maintenant périsse. Ma fierté d’être tienne n’a point d’égale ailleurs et si je ne puis goûter à ton offrande, tant pis. En gage de mes sentiments, donne-moi un instant ou deux, tu ne seras pas déçu c’est promis.

Lapin, encore un brin attristé, regarde au loin la toison de feu disparaitre. Il soupire mais le temps pour le gland du chêne de tomber, qu’à nouveau il respire. « Petite Renarde, mais qu’ai-je été sot de douter de toi, et carotte ou pas carotte, foi de Lapin, » mais le retour de sa belle l’interrompt.

— Mon chevalier, mon héros, mon Amour éternel, voici pour toi ! Sa voix est suave et les yeux de l’exquise étincellent de tous les feux de son ardente passion, alors qu’elle lui tend son noble présent.

Sur Lapin s’abat net et précis, le couperet glacial d’une horrible machine de mort. Son sang se glace et ses tripes ne font qu’un tour. Dans les griffes de la renarde, à peine reconnait-il ce qui tantôt encore fut une jolie souris grise. Leurs regards se croisent et c’est alors qu’il reconnait dans ses ...