Lapin, Lapine
Datte: 21/06/2018,
Catégories:
exercice,
Humour
conte,
délire,
fh,
Auteur: Olivk, Source: Revebebe
Aujourd’hui, le soleil s’est levé plus tôt qu’à son habitude : c’est la Fête de la Carotte au village des lapins, et il ne voudrait en rater un seul instant. Lapin aussi s’est levé aux aurores : aujourd’hui, il invite Lapine, qui vit par-delà la Rivière, au grand bal de la fête ! S’agit d’être pimpant, fringant et surtout prêt à l’heure, car avant le bal, il l’emmène voir les forains.
Lapine, elle, s’impatiente et ne tient plus en place. « Comment ? Six minutes jusqu’au départ du train ? Mais bougre de mécano, lâche le frein et envoie la vapeur, parbleu ! » Face à elle est assis Lièvre, grand et élégant, qui la dévore des yeux et s’amuse de son agitation. Sa robe légère comme une plume lutte désespérément contre ses cuisses trépignantes, lutte et enfin perd, Lapine rougit et s’excuse mais le mal est fait : Lièvre sur le banc d’en face, n’y arrive plus et lui saute dessus. La petite glapit, s’empourpre de plus belle en sentant le membre se frayer avec joie sous sa menue queue frétillante, se glisser dans son nid douillet et expulser son bonheur d’y être.
Sur le quai l’attend Lapin, une rose sauvage cueillie à l’aube à la main. Lapine, encore toute moite, se refait une contenance et pose pied à terre. Son regard rencontre celui de son bellâtre et sa mise aussitôt se rend, car Lapin n’est pas Lièvre et lutter là-contre n’est pas de mise, une brise n’a pas de peine à la soulever et Lapin, déjà frémissant, se retrouve en ébullition. Là-haut le soleil, ce sacré malin, ...
... observe la scène et affûte et darde ses rayons. Les douces gambettes de Lapine, prises de chaleur, n’en font plus qu’à leur tête et s’enroulent telles deux anguilles, souples mais fermes, autour de la taille du sieur Lapin qui n’en demandait pas moins, et toutes les lèvres de la belle, plus pulpeuses les unes que les autres, se lovent amoureusement contre lui.
C’est la Fête de la Carotte et Lapine et Lapin, main aux fesses et main sur les reins, déambulent parmi les forains, rient des clowns joyeux et pourlèchent à tour de rôle la longue sucette gagnée au jeu du tir au chasseur. Bien vite les rôles se perdent et les langues se cherchent, se trouvent, et s’enroulent dans une sarabande endiablée et sucrée, bientôt rythmée par le plaisir sans cesse renouvelé de nos amants passionnés. Chaque roulotte, chaque tente voit dans son ombre s’ébattre les deux excités et quand l’une les abrite, une autre fait de même avec quelque couple de leurs congénères. C’est la Fête de la Carotte au goût de sang bouillonnant, que les ardentes lapines laissent venir en leur sein, tant et encore et à nouveau, et qui répand en elles l’avenir bien assuré du Peuple lapin.
Mais notre ami le Soleil, tout accaparé par le spectacle, n’a pas vu arriver les nues. Et ces grises pestes et chipies, non seulement privent notre astre de son plaisir mais jettent pénombre et fraîcheur sur toute la région. Le mercure dégringole et la mélancolie tombe sur Lapin comme tombe une feuille d’automne : sans crier gare et ...