1. Janvier 2010


    Datte: 18/06/2018, Catégories: fh, couleurs, vacances, amour, Masturbation préservati, pénétratio, mélo, amourdram, Auteur: Macapi, Source: Revebebe

    ... la situation. Ce n’est sûrement pas la dernière réplique. Quelle heure peut-il être ? Peut-être dix-sept heures, pas plus. Bon, ça me laisse quelques heures avant la nuit. Je dois marcher, je dois trouver l’ambassade. Je peux y arriver.
    
    La poussière est omniprésente, je trouve un t-shirt dans mon sac et le pose sur ma bouche en guise de filtre. Ça ne doit pas être très sain, toutes ces particules en suspension… Il fait toujours aussi chaud, j’ai la bouche sèche, j’ai soif, mais patience, il faut que ma bouteille d’eau dure longtemps. Une gorgée, juste une gorgée. Puis avancer, encore.
    
    Des drames se jouent dans chaque maison, les survivants se mobilisent pour dégager à mains nues les blocs de béton qui emprisonnent les leurs. Plus aucune voiture ne roule, beaucoup sont abandonnées au milieu de la route, ce qui ne favorise pas ma progression. Mais au moins, ces voitures m’indiquent que je n’ai pas quitté la route, dans ce monde inconnu recouvert de poussière, difficile en effet d’être tout à fait certaine de ne pas me perdre.
    
    J’aperçois à ma droite une femme qui assouvit des besoins bien naturels dans la rue, trop effrayée pour retourner à l’intérieur des bâtiments. Et d’ailleurs, y a-t-il encore de l’eau quelque part ? Marcher, ne pas m’arrêter, combien de kilomètres encore ? Je ne le sais pas.
    
    La route monte maintenant, c’est certain, je suis sur la bonne voie. Combien de drames humains se sont joués devant mes yeux depuis que j’ai commencé à marcher ? Au fil des ...
    ... regards croisés, puis détournés, un malaise de plus en plus grand m’étreint la poitrine. Je ne pleure plus, je n’ai plus de larmes. Focalisée sur mon but, n’écoutant pas les messages de mon corps épuisé, je veux continuer. Quelque chose me dit que je dois arriver avant la nuit. Déjà le jour baisse et aucune lumière ne s’allume nulle part. Un homme sort d’un magasin, les bras remplis de vivres, un pillard, mais je me sens comme lui, l’envie irrésistible de prendre tout ce que je peux trouver. Le chocolat de tout à l’heure se rappelle à moi, source d’énergie inespérée. Une gorgée d’eau, pas plus.
    
    Je passe maintenant devant un plus grand bâtiment qui semble encore debout. Dehors, des gens avec des appareils photo. Des journalistes apparemment, des gens rassurants en tout cas. Je m’approche d’eux et leur demande mon chemin. Ils m’interrogent sur ce que j’ai vécu, immortalisent mon histoire, mais je n’ai pas envie de parler. Je peux juste dire que j’ai vu la détresse, la mort, la souffrance. Mais, au fond, tout le monde est en état de choc, personne ne mesure l’ampleur du désastre. Des rumeurs de destruction du Palais National me parviennent. C’est leur pays qui s’en va en morceaux, qui disparaît sous leurs yeux. C’est leurs frères, leurs mères, leurs enfants qui meurent sous leurs yeux. C’est une tristesse infinie, vécue du plus profond de leurs tripes. Ma propre tristesse est similaire, j’ai aussi le droit de pleurer.
    
    Je reste avec les journalistes pour la nuit. Derrière ...
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