1. L'Usurpatrice (2)


    Datte: 12/06/2018, Catégories: Divers, Auteur: Sharhajar, Source: Xstory

    La Rupture
    
    Je vous raconterais bien que j’ai rencontré Adrien après ma rupture. Six ans de vie sexuelle pour vivre sa première rupture à 19 ans, c’est tout de même amusant. Mais c’est faux. Ou presque...
    
    Je m’explique. Je suis en couple « à distance » avec ma petite amie depuis sept ans. Les centaines de kilomètres qui nous séparent et notre forte libido nous ont vite imposé un certain laxisme vis-à-vis de la fidélité – en bref, nous sommes un couple ouvert. Attention, ceci dit, nous dissocions totalement sexe et sentiments. J’aime à croire que les lèvres avec lesquelles je l’embrasse sont purifiées par l’amour que je lui porte, elles qui ont été souillées par tant de sexes turgescents et d’oasis velus.
    
    Cette idylle tout à fait agaçante de perfection ne fut chamboulée qu’à une seule reprise. Et c’est dans ce cadre tumultueux que notre histoire prend place. Avril 2017, je trône comme une merde sur le pas de ma porte, un pochon blanchâtre à la main, des larmes sèches au coin des yeux et une profonde envie de plus me détruire que la vie ne vient de le faire. Ma première rupture, sa première gifle sincère, pas mes premiers regrets. Elle ne supportait plus mon addiction, mon attitude, mes colères, mais bon, le train de ses reproches roulait au loin sur ce rail perdu dans mes sinus. Fin de l’histoire.
    
    La culpabilité, ce n’est vraiment pas mon truc.
    
    Sourire aux lèvres, je jetais l’emballage à moitié plein – par optimiste peut-être ? – sur le pas de sa porte. Je ...
    ... reviendrai. Mais sur l’instant, mon esprit primaire n’avait qu’une idée en tête. Si... Si hors-contexte, si bestial qu’elle m’en semble ridicule aujourd’hui – sans que je puisse pour autant prétendre pouvoir réagir différemment deux ans plus tard.
    
    — Bon. Bah, avec tout ça, j’ai pas baisé moi.
    
    Je ne me prétends pas nymphomane – Enfin, peut-on vraiment se prétendre nympho ? Aspirer à subir une maladie psychologique... Se rêve-t-on bipolaire ? Schizophrène ? Mon répertoire médical s’arrête là, désolée. Je disais donc. Je ne me prétends pas nymphomane, mais je ne dirais pas non plus que j’aime simplement le sexe. Le terme m’échappe, mais nous le qualifierons d’hypersexualité – bien qu’ironiquement, ce terme fasse écho à la nymphomanie, mais passons, je me distrais. Le sexe est bien plus qu’un petit plaisir, ou une simple obsession pour moi. J’ai construit ma vie dessus.
    
    Déflorée très jeune – messieurs à vos calculatrices, la réponse se trouve ci-dessus – j’ai construit mon adolescence autour d’une image hypersexualisée de ma propre personne. Je trouvais ma popularité dans mon corps et ma précocité, je me rassurais par le sexe, je me récompensais par le sexe... Je me vengeais par le sexe. Voyez ça comme un doudou. J’étais une grande enfant qui, pour dormir et se sentir en sécurité, avait besoin de câliner les peluches que ces messieurs-dames cachent entre leurs cuisses.
    
    Il n’est donc pas vraiment surprenant – stupéfiant aidant (Dieu que ce mot est laid, stu-pé-fiant) – que ...
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