1. Séduction d'un jour


    Datte: 10/06/2018, Catégories: fh, jeunes, vacances, jalousie, revede, nostalgie, roadmovie, Auteur: Lucien Ramier, Source: Revebebe

    ... nous trouvons ce VRP qui me fait penser plus à mon père qu’à un amant et qui nous propose un voyage à l’œil ou presque, comme je les aime, et monsieur Alain fait la fine bouche, parce qu’il est jaloux ! Je pensais que je méritais un peu plus ta confiance. Je ne t’ai pas encore trompé ! Alors quoi ?
    
    Ça alors ! C’est bien la chose à laquelle, je m’attendais le moins. Je me sens trompé tout à coup, moi aussi, le VRP sympa, alors que je suis rempli de bonnes intentions. Je pensais leur procurer le plus beau des voyages et voila tout à coup que je deviens pour Alain un vieux satyre attiré uniquement par les charmes de sa charmante et jeune épouse.
    
    — Que tu le veuilles ou non, nous allons rejoindre l’autoroute A6, affirme Alain, comme s’il voulait enfoncer le clou. Demain matin nous reprenons nos sacs. Finie la randonnée pépère. Je veux de l’aventure avec toi toute seule. Si tu ne veux pas me suivre, je reprendrai seul la route. Nous sommes assez grands pour nous débrouiller tout seuls que diable !
    — Et avec quel fric ? dit Valérie. Je sais ce que dit la chanson :
    
    « qu’il ne faut pas penser au lendemain. » Mais moi j’y pense ce soir et ton attitude me déçoit plus que tout. Un mari jaloux avant l’heure, ça ! C’est la meilleure ! Je suis assez grande pour choisir mon attitude moi aussi à mon tour. On verra bien demain !
    
    Je n’avais pourtant pas envie de tousser à cet instant où il fallait être précisément discret. Mais est-ce le rhume des foins ? Voilà que je ne peux ...
    ... retenir un éternuement retentissant.
    
    — Chut ! Il arrive dit Alain !
    
    Comme si je n’avais rien entendu ou rien vu, je lance, sûr de moi :
    
    — Ça sent bon, ces légumes cuits à la vapeur ! Bravo, les cuisiniers !
    
    Le repas se passe dans le calme mais aussi avec un voile de froideur correcte. Ils répondent sans plus à mes questions. Seule Valérie, plus diplomate, ne semble pas s’affoler, elle sourit même parfois. Alain boude carrément et ne desserre les dents que pour manger. Il ne faut pas être bien sorcier pour deviner que le torchon commence à brûler entre ces deux jeunes amoureux. J’ai presque du remord d’en être sans doute la cause.
    
    Après avoir repris la route puis l’autoroute, nous arrivons à onze heures du soir devant la porte fermée du camping d’Orange.
    
    Je me dis que, pour eux aussi, la nuit porte conseil. Je n’interviendrai pas pour la suite de ce voyage que je voulais trop idyllique sans doute pour eux. Ils choisiront leur voyage. Je n’en voudrai pas à Alain.
    
    Au fond de moi, je préférerais bien quand même continuer l’aventure en leur compagnie et cette fois avec une curiosité grandissante.
    
    Je me dis aussi que tout, après tout, peut encore s’arranger sur l’oreiller.
    
    La suite de ce voyage de noce en auto-stop devrait sans doute se décider cette nuit sur l’oreiller dans la petite tente canadienne installée au bout du parking de nuit, au nez du camion.
    
    Après minuit, dans mon fourgon où je somnole, je suis réveillé par des plaintes ou des voix sourdes. ...
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