1. Flora, une femme complexée ou comment conjurer le bonheur


    Datte: 01/06/2018, Catégories: fh, complexe, fête, amour, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... sous ses gesticulations et un verbe outrancier. Ses coups de gueule et ses attitudes de matamore ne sont qu’une façade.
    — Tu me fais sourire en affirmant qu’il pense à moi, à moins que je ne figure en tant qu’outsider sur une liste bien remplie. Je n’entretiens aucune illusion sur ce que je peux lui inspirer et me contente d’espérer que ce ne soit pas dans l’intention de se moquer qu’il m’entreprend ainsi.
    — Tu avoues donc être sensible à son charme !
    — Ne déforme pas mes paroles. Je t’ai tout au plus confessé le trouver séduisant. Il est vrai qu’il s’est comporté hier en parfait gentleman. Quelle prévenance, quelle amabilité, quelle…
    — Tu vois bien que tu t’emportes dès que tu l’évoques, et c’est fort rare en ce qui te concerne !
    — Puisque c’est toi, et ne va surtout pas le lui rapporter, je conviens en pincer un peu à son sujet cependant nous croisons sur des mers distinctes et il m’est en tout opposé. Nous ne saurions que nous déchirer, je ne suis pas assez captivante pour un tel homme.
    — Ça, ma chère, c’est à lui d’en juger, acheva Alix, un brin péremptoire.
    
    Deux jours plus tard, on lui livra un bouquet fastueux auquel était épinglée une petite carte, dépourvue d’adresse, sur laquelle elle déchiffra ces quelques mots :
    
    Elle sourit et se sentit heureuse tout en se demandant combien de bouquets il expédiait mensuellement !
    
    Le soir, lorsqu’elle consulta sa messagerie, elle y releva ce courriel :
    
    De sa missive, elle ne retint d’abord qu’une expression qui ...
    ... fut « à l’avenir » ! Il envisageait donc une suite ! Elle se jeta sur le clavier et s’empressa de répondre :
    
    Pendant une quinzaine, ils échangèrent ainsi journellement des messages laconiques et délicats. Elle remarqua que, très vite, ceux de Frédéric se faisaient de plus en plus tendres et enjôleurs et se sentit désolée de ne pas savoir adopter le ton juste afin de s’en faire l’écho. Elle constata encore que sa journée de travail se passait dans l’attente de l’instant où elle brancherait son ordinateur en vue de se délecter de sa lettre quotidienne. Bercée par l’irréalité de la situation, elle en oublia presque ses ressentiments et complexes. Quelques phrases jugées excessives comme celles où il la déclarait son soleil la faisaient réagir. Elle différait alors sa réplique et le qualifiait de flagorneur, mais le plus souvent, elle admettait être sensible à ses hommages.
    
    Elle se rabrouait aussi fréquemment, elle-même : ma pauvre fille, tu t’entiches sérieusement de lui et en perds la tête. Tu t’abuses totalement en ambitionnant inspirer du désir à ce trop brillant jeune homme ! Plus ses égarements étaient vifs, plus les retours à ce qu’elle appelait raison étaient sévères. Elle n’avait jamais vécu pareil engouement, mais bientôt elle se prit à espérer des propos moins timides et réservés. Ce fut précisément à ce moment qu’il suspendit toute correspondance deux jours durant.
    
    Au troisième soir, découragée, elle brancha sa machine décidée à lui écrire même s’il ne lui ...
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