1. Flora, une femme complexée ou comment conjurer le bonheur


    Datte: 01/06/2018, Catégories: fh, complexe, fête, amour, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... envier tigre », trop persuadée de son infériorité et estimant d’office qu’elle ne pouvait que s’incliner.
    
    N’en voulant pas à Frédéric et à peine plus à Élodie, elle reporta toute sa rancœur sur elle-même. Elle informa sa copine qu’elle acceptait de lui laisser champ libre. Celle-ci se récria et essaya de la tranquilliser de mille manières, rien n’y fit. Flora multiplia dès lors ses absences abandonnant les deux jeunes gens seuls ensemble. Rentrant un jour avant l’heure, elle les aperçut, ignorant de sa présence, sous la tonnelle dans les bras l’un de l’autre. Ce lui fut un coup de poignard et elle s’éloigna le temps de se convaincre de ce dont elle voulait être convaincue et de cacher son amertume. Une heure plus tard, lorsqu’elle revint, il n’y paraissait plus.
    
    Le lendemain alors qu’ils étaient sortis pour acheter du vin, elle fit précipitamment ses bagages et appela un taxi. Lorsqu’ils rentrèrent, ils ne découvrirent que ces quelques mots expliquant son départ :
    
    -ooOoo-
    
    Ils eurent bien des difficultés à comprendre et furent atterrés. Élodie tenta vainement de la contacter sur son portable tandis que lui demeurait anéanti. Ils décidèrent à leur tour de quitter le midi. Dès son retour, Frédéric regroupa les affaires de Flora dans un carton qu’il lui fit expédier, y joignant la lettre suivante.
    
    Elle lut et pleura, relut et pleura encore. À la dixième lecture, elle retraduisit la missive de manière à endosser la responsabilité du moindre des évènements qui ...
    ... avaient précipité cette situation. Pendant plusieurs jours, elle rumina sa déconvenue puis voulut téléphoner, la ligne fut déclarée suspendue. Elle envoya un courriel qui, « indistribuable », lui revint. Elle se rendit chez lui, son nom était toujours affiché sur la porte pourtant rien ne trahissait une présence humaine derrière le vantail. Broyée de douleur, elle se laissa glisser le long du linteau en sanglotant très fort et en ânonnant des mots confus et sans suite. Elle fit un tel tapage que des voisins sortirent sur le palier et, inquiets, lui proposèrent leur assistance. Entre deux plaintes, elle indiqua rechercher Frédéric. « L’appartement est encore à son nom, mais la dernière fois que je l’ai vu, il m’a dit qu’il allait désormais vivre chez un copain à Saint-Denis. C’est bien dommage, il était si serviable et mignon », la renseigna une dame aux cheveux d’argent. Elle se résolut à appeler l’employeur de Frédéric qui l’informa qu’il avait démissionné. Même Alix ne lui fut d’aucun secours et visiblement prévenue et irritée à son égard, elle ne voulut guère l’aider. Tout ce qu’elle put en tirer était qu’il venait de signer un contrat pour une mission humanitaire en Afrique. Ainsi il brûlait ses vaisseaux, et elle comprit que leur rupture était irrémédiable.
    
    Étonnamment, au travail, elle sauva les apparences, tout au plus inscrivit-elle une ride amère aux commissures de sa bouche et ses tailleurs s’assombrirent-ils d’un ton. Elle passait par contre ses dimanches, ses soirées ...