1. Flora, une femme complexée ou comment conjurer le bonheur


    Datte: 01/06/2018, Catégories: fh, complexe, fête, amour, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... Frédéric, elle se prit de jalousie envers Yvette, cette collègue qu’il avait éhontément courtisée le soir de la noce. Elle voulut savoir comment s’était déroulée leur liaison. Yvette fut surprise de la démarche, un peu fâchée même et lui révéla qu’il ne s’était rien passé en dépit de ses envies à elle et qu’elle gardait rancune à ce poseur qui, après l’avoir outrageusement entreprise, avait terminé sa soirée au bar avec un ivrogne en la laissant se morfondre seule.
    
    Elle consulta Alix qui, visiblement informée des évènements, ne manifesta guère de compréhension.
    
    — Tu lui fais grief de pensées et d’actions qui sont les fruits de tes seuls refoulements et maintenant que tu as compris tes torts, ton amour-propre t’interdit de faire amende honorable. Le pauvre garçon s’étiole sans comprendre le moindre peu ce qui lui vaut tes rigueurs.
    
    Un mois s’était approximativement écoulé dans ces atermoiements quand un après-midi, plus égarée que jamais, n’y tenant plus, cédant à une impulsion subite, bien qu’instinctivement depuis longtemps ourdie, elle se détermina à se rendre chez lui. La porte de l’immeuble était ouverte et elle s’y engouffra. Ses talons martelaient le carrelage comme des claquements de fouet dont elle ne savait s’ils étaient destinés à l’encourager ou à la dissuader. Espérant échapper à cet avertissement ambigu et fracassant, elle s’engagea vivement dans cet escalier qui se fit son Golgotha. Les premières marches se gravirent aisément tandis qu’elle ...
    ... invoquait le sourire de Frédéric en l’accueillant. Mais à chaque degré franchi, elle vit ce sourire se figer puis se ternir graduellement et son visage se renfrogner. Son ascension se ralentissait à mesure et tous ses doutes la reprirent. Ne se comportait-elle pas ainsi qu’une louve en chaleur venant assouvir son rut ?
    
    Dès lors, elle poursuivit sa progression de manière somnambulesque, étranglée par un véritable effroi, si puissant qu’elle se mit à vaciller. Là-haut, dans le couloir son pas se fit encore plus sonore, se renforçant d’un écho hostile. Elle craignit d’alerter tout le palier qui se distrairait de ses humiliantes infortunes. Ce fut en état de quasi-transe qu’elle atteignit l’entrée de l’appartement. Hélas, son calvaire ne s’arrêtait pas là, et le plus ardu restait à faire, il lui fallait à présent consommer sa honte. Elle vérifia l’inexistence de tout judas qui aurait pu la dénoncer puis approcha une main tremblante de la sonnette. Il était toujours possible de s’enfuir ! La tête lui tournait. Bien que certaine de n’avoir pas actionné le bouton fatidique, elle entendit le carillon retentir dans le logis. Elle décida de s’en aller s’il n’ouvrait pas dans dix secondes. La porte demeura close, rien ne sembla s’agiter derrière elle. Elle attendit une bonne minute avant de réitérer la manœuvre, convaincue déjà de son absence et s’en réjouissant. À l’instant où son index s’apprêtait à écraser une nouvelle fois la sonnette, il ouvrit.
    
    Il était pâle et se fit blême en la ...
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